En Ouganda, des défenseurs des droits des enfants signalent une recrudescence des crimes rituels pendant la récente campagne électorale. Au moins sept enfants ont été portés disparus, et leurs proches craignent qu'ils aient été enlevés pour être mutilés ou tués. Ces disparitions font penser à des actes de sorcellerie ou à des sacrifices humains destinés à porter chance, estime l'ONG Kyampisi Childcare Ministries.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, certaines personnes en Ouganda croient que sacrifier un animal est une bonne chose. D’autres, plus fortunés, pensent que sacrifier un être humain, est encore mieux. C’est le type de raisonnement qui fait bondir Peter Ssewarkiryanga, fondateur et directeur général de Kyampisi Childcare Ministries, une ONG chrétienne de Kampala.
Selon cette ONG, sept disparitions d’enfant ont été signalées, d’octobre à février, dans les districts de Ssembabule, Mukono, Mubende et Buikwe, que le quotidien gouvernemental New Vision a déjà qualifiée de « capitale du sacrifice d’enfant » en Ouganda.
Des enfants ont effectivement été portés disparus pendant la campagne électorale, selon Moses Binoga, un responsable du ministère de l’Intérieur, rapporte l’agence Reuters. Il n’a pas toutefois confirmé les chiffres avancés par Kyampisi Childcare Ministries.
Aux yeux de cette ONG, les récentes disparitions d’enfants pourraient être le fait de guérisseurs qui mutilent ou tuent des enfants pour le compte des puissants. Ces crimes rituels sont à la hausse, selon Peter Sewarkiryanga, en raison de la forte croissance de l’économie ougandaise et du boom immobilier qui l’accompagne, surtout à Kampala.
« Il y a un lien direct entre le développement économique et le sacrifice des enfants. Cela ne fait aucun doute, soutient le directeur général de l'ONG. A Kampala, les riches qui se construisent une maison, font sur le chantier même des sacrifices, y compris des sacrifices humains, dans l’espoir que tout se passe bien. C’est pour cela que le boom économique se traduit par une forte augmentation des sacrifices d’enfants ».
L’ampleur du problème est difficile à cerner. Plus de 700 enfants ont été enlevés en 2013, selon la police ougandaise, mais impossible de dire combien d’entre eux l’ont été par des musamize (terme qui désigne en luganda le « guérisseur traditionnel », comme le « prêtre » ou le « sorcier ») pour leurs organes.
Quelque 87 cas de sacrifices d’enfants ougandais ont été signalés, de 2006 à 2014, selon un rapport (en anglais) de l’ONG américaine World Vision. De ce nombre, 23 « affaires » ont abouti devant les tribunaux. Au final : seulement deux condamnations ont été prononcées.
Source: RFI