Depuis le début de l’été à Marseille, au moins 350 enfants ont été égarés sur les plages. D’après les sauveteurs et secouristes, les parents sont trop distraits, notamment par le téléphone portable.
Une fois installé sur la serviette de plage, après s’être assuré que les enfants jouent tranquillement au bord de l’eau, il est tentant de tendre la main vers le téléphone portable. Mais l’objet est bien souvent la cause de la baisse de la vigilance des parents. Depuis le début de l’été à Marseille, au moins 350 enfants ont été égarés. «Lorsque les parents demandent notre aide parce qu’ils ont perdu leur enfant, ils nous disent de façon récurrente: ‘je regardais mon téléphone’», déplore le capitaine Eric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.
Nul doute pour le pompier: la vigilance des parents diminue chaque année. «Ils partent acheter une glace en espérant que leur enfant restera sage sur le sable, ils s’assoupissent, ou bien ils demandent aux aînés de prendre la relève mais les plus grands sont sur les réseaux sociaux et ne sont donc pas attentifs», énumère-t-il. Désormais, «on regarde une vidéo avec les écouteurs et il est donc impossible d’entendre si quelqu’un appelle à l’aide».
L’addiction au smartphone est-elle la cause principale du manque de vigilance? Pour Guillaume Turpin, inspecteur adjoint de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), il s’agit d’un facteur aggravant mais rien ne permet de confirmer que le téléphone portable est la première cause du manque de surveillance. «On observe effectivement que les parents ne surveillent pas leurs enfants comme il le faut. Lorsque la plage est surveillée, ils se disent que les sauveteurs vont veiller sur les plus petits et qu’ils peuvent eux aussi profiter. Mais les sauveteurs surveillent l’ensemble de la population et non pas les enfants des uns et des autres.»
En 2018, 25 enfants de 0 à 6 ans sont morts par noyade
Les conséquences du manque de vigilance sont graves. Entre 2015 et 2018, le nombre de noyades accidentelles à la plage chez les 0-6 ans a augmenté de 96% et dans les piscines privées de 132% . «En 2018, 25 enfants de 0 à 6 ans ont perdu la vie en se noyant», rappelle Eric Brocardi. Ces chiffres s’inscrivent dans une augmentation globale du nombre de noyades accidentelles: 1649 en 2018 contre 1266 en 2015. Depuis le début du mois de juillet 2019, «108 noyades et 60 morts liés à des noyades» ont eu lieu, soit une augmentation de 30% par rapport à la même période en 2018, avait déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
L’inspecteur de la SNSM précise également que la hausse de «l’activité opérationnelle est liée aux conditions climatiques. Le mois de juillet a été très chaud. Les plages ont donc été davantage fréquentées et lors des jours de canicules, particulièrement en Méditerranée, la différence de température entre l’air et l’eau a engendré des chocs thermiques et donc des malaises.»
Un bracelet au nom de l’enfant
Hormi la noyade, d’autres risques sont à prendre en compte: «un enlèvement ou bien un accident de la route si la plage est proche d’un axe routier», prévient Guillaume Turpin qui précise: «À la SNSM, on recherche et on retrouve environ 1500 enfants par an. Les plages avec animations et très fréquentées sont les plus risquées.» Lorsqu’un enfant est perdu, «il choisit la facilité et marche dos au soleil pour ne pas être aveuglé. Cela peut donner un indice sur la direction à prendre pour le retrouver».
Afin de faciliter la recherche des plus petits, les sauveteurs conseillent aux parents de leur attacher un bracelet délivré dans la plupart des postes de secours sur lequel le nom de l’enfant et le numéro de téléphone des parents sont inscrits. Sur les plages équipées, les nageurs-sauveteurs passent des annonces audio dans les haut-parleurs pour rappeler aux parents de surveiller leurs enfants et de les équiper de bouées ou brassards.
Mais, «à chaque fois que l’on met un dispositif de sécurité en place, l’attention baisse tout de même», déplore Eric Brocardi qui s’attend à ce que les chiffres de la fin de l’été 2019 soient une nouvelle fois en hausse. «Lorsqu’on part en vacances, il faut apprendre aux petits à se familiariser avec l’eau et à se sortir de situations difficiles, rappelle-t-il. Les parents sont les propres acteurs de la sécurité de leurs enfants.»
Source : Le Figaro