Face à leurs assiettes, les enfants peuvent parfois être intraitables. À la cantine par exemple, où ils se plaignent souvent de ne rien avaler. Solutions, avec deux expertes.
Tout a commencé avec une discussion entre deux femmes lors d’un dîner au restaurant – perçue involontairement par nos oreilles indiscrètes –. L’une expliquait à l’autre son dilemme : «Mon dernier ne mange presque rien à la cantine, du coup à l’heure du goûter, il se gave de cochonneries et, en fin de compte, n’a plus faim pour le dîner». Un classique qui a le don de déclencher stress, angoisse et agacement chez la plupart des parents qui se demandent comment compenser. Faut-il glisser un encas dans son cartable ? Le forcer à manger ? Rectifier le tir avec un goûter consistant ? Réponses avec Audrey Vaillat , diététicienne et nutritionniste, spécialiste des troubles du comportement alimentaire, et Dominique Soulan , pédiatre.
Les habituer dès leur plus jeune âge
Commençons par le commencement. «Il ne faut pas faire de généralités. Si vous dites devant votre enfant que celui-ci n’aime pas tel ou tel aliment, psychologiquement, il finira par ne pas les aimer», nous expliquait déjà la diététicienne Sarah José dans un article dédié aux légumes. Même si, effectivement, on constate que les enfants sont souvent unanimes devant une assiette de haricots verts, de choux de Bruxelles, de brocolis, de poireaux et autres étrangetés vertes : ils n’aiment pas ça, et ceux servis à la cantine n'échappent pas à la règle. Selon la pédiatre Dominique Soulan, «c’est parce que les repas distribués à la cantine sont souvent très différents de ceux que les enfants retrouvent chez eux». Il faudrait donc les habituer à manger de tout dès leur plus jeune âge afin qu'ils puissent retrouver des aliments qu’ils connaissent lorsqu’ils déjeunent à la cantine.
Ne pas le croire sur parole
De plus, est-on réellement sûr qu’il n’a «rien mangé» ? Ou dit-il ça simplement pour nous faire culpabiliser de le laisser déjeuner à la cantine alors qu’il préférerait être à la maison ? Ou encore parce qu’il a envie de couper court à la conversation et rejoindre rapidement ses petits camarades dans le parc ? Peut-être a-t-il tout de même goûté à l’assiette de crudités qui lui était proposée, avalé quelques cuillerées de purée de pommes de terre et terminé son yaourt ? «Si le doute persiste, il faut se renseigner auprès de l’école et du personnel de cantine et vérifier qu’il n’y a pas de troubles alimentaires», prévient Audrey Vaillat.
Réajuster le soir
On se renseigne auprès de l’école pour connaître les menus proposés au déjeuner, puis on cuisine nos petites têtes blondes afin de découvrir ce qu'elles ont réellement consommé. «Si l’enfant n’a pas mangé de fruits frais, de légumes ou de laitage le midi, il faut lui en proposer le matin, au moment du goûter et/ou le soir», expliquent les deux professionnelles de santé. Dominique Soulan ajoute : «En pleine croissance, les enfants doivent boire un demi-litre de lait par jour et manger plusieurs fruits et légumes». En ce qui concerne la viande, Audrey Vaillat la préconise un jour sur deux. Toujours sans forcer.
Pas de petite collation dans le cartable
Dominique Soulan est formelle : «On ne cède pas en lui glissant un petit encas dans son cartable». Déjà, parce que dans beaucoup d’écoles, le règlement l’interdit et parce qu’il faut que l’enfant s’habitue à prendre quatre repas par jour, à savoir, petit-déjeuner, déjeuner, goûter et dîner. Toujours selon la médecin : «Ces bonnes habitudes alimentaires s'acquièrent dès le plus jeune âge et évitent ainsi de rentrer dans le cercle vicieux du grignotage».
Ne pas compenser avec un gros goûter en rentrant !
Une fois à la maison, très important, «il faut essayer de limiter l’importance du goûter», avertissent à l’unisson la pédiatre et la diététicienne. Même si l’enfant dit «n’avoir pas beaucoup mangé le midi à la cantine». Pas de gâteaux industriels, qui contiennent beaucoup de calories dans un faible volume et qui ne rassasient pas. «On privilégiera plutôt un laitage, un fruit et/ou un morceau de pain avec du chocolat en tablette», conclut Audrey Vaillat.
Source : Le Figaro