La maltraitance à l'encontre d'un enfant désigne les violences et la négligence envers toutes personnes de moins de 18 ans. Un article publié par l'agence Santé Publique France relate à quel point celle-ci peut altérer à vie la santé physique et mentale de ceux qui en sont victimes. Elle peut par exemple provoquer un stress auquel est associée une perturbation du développement précoce du cerveau.
La maltraitance faite aux enfants recouvre de multiples formes : violences physiques, psychologiques, sexuelles… Selon l’Organisation mondiale de la Santé elle « s’entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. » L'organisme la reconnaît d’ailleurs comme un sérieux problème de santé publique car les conséquences qu’elle entraîne sur la santé de l'enfant sont importantes.
Dès lors, les enfants maltraités sont davantage exposés à divers troubles comportementaux, physiques ou psychiques. Autant d'impacts à court et à long terme que des chercheurs ont voulu dresser dans un article publié dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence Santé Publique France. Ces derniers abordent plus précisément les « trois grands domaines du développement de la personne qui peuvent être affectés », à savoir les plans socio-affectif, physique et neurobiologique et cognitif. Les chercheurs ont eu recours à plusieurs données bibliographiques, en utilisant trois catégories de mots-clés : « maltraitance », « petite enfance » et « effets ».
Un plus grand risque de dépression et de délinquance
En ce qui concerne le plan socio-affectif, le document affirme que les enfants qui ont été négligés, abusés psychologiquement ou physiquement, présentent davantage de retrait, d’évitement, de symptômes dépressifs, d’anxiété, et une faible estime de soi par rapport aux enfants n’en ayant pas subi. « Concernant les difficultés comportementales associées à la maltraitance, on compte, entre autres, la colère, l’agressivité, l’impulsivité, de même que les comportements d’opposition, la délinquance et la consommation abusive de drogue et d’alcool. », précisent les chercheurs. Ces derniers ajoutent que la qualité de l’attachement entre l’enfant et la personne qui s’en occupe au quotidien est aussi affectée.
Qu'en est-il à plus long terme ? La maltraitance infantile serait associée à la survenue de violences dans les relations intimes, l’abus de substances, des problèmes de santé mentale (anxiété, dépression, trouble alimentaire) et des idées suicidaires. Sur le plan physique, les auteurs soulignent que « la malnutrition, des problèmes de vision ou des problèmes bucco-dentaires et des maladies chroniques telles que l’asthme, les maladies cardio-respiratoires ou le diabète peuvent être causés ou aggravés par la maltraitance, et perdurer jusqu’à l’âge adulte. » Si les mécanismes en cause sont mal connus, les études évoquent le fait que le système de réponse au stress, et même certains gènes peuvent être influencés.
La précocité de la maltraitance, facteur très aggravant
Enfin, des problèmes d’attention, une dégradation des fonctions exécutives et des habiletés cognitives plus faibles, ont été rapportés dans les études en ce qui concerne le plan neurologique et cognitif. En cause : des modifications des systèmes neuroendocriniens et neuro-transmetteurs. « Les impacts négatifs sur le fonctionnement cognitif peuvent se faire sentir dès l’âge de 3 ans. La maltraitance est aussi associée au ralentissement du développement du langage et particulièrement dans les cas de négligence. », ajoutent les chercheurs. C'est pourquoi les enfants concernés seraient plus susceptibles de présenter de plus faibles performances académiques par rapport à leur tranche d'âge.
Par ailleurs, plus la maltraitance est précoce, plus les effets sur les structures cérébrales en développement des enfants (jusqu'à la fin de l'adolescence) sont importants, il en va de même en cas « d'effet cumulatif ». L’article se conclut sur l’importance d’agir en amont le plus tôt possible pour contrer cette problématique. A condition toutefois de mettre en place, avant toute chose, un système de données à partir desquelles les progrès et les reculs puissent être mesurés à grande échelle. Mais la difficulté tient au fait que « très peu de pays dans le monde sont en mesure de chiffrer de manière fiable la fréquence et la nature de la maltraitance infantile au sein de leur population. », concluent les auteurs.
Source : Parents.fr