Environ 866 écoles ont été fermées au Mali dont 525 établissements pour la seule la région de Mopti, selon des données collectées fin mars. « L’UNICEF et ses partenaires ont constaté une augmentation systématique et constante des fermetures d’écoles à Mopti au cours de l’année scolaire 2018/2019 », a déclaré Christophe Boulierac, porte-parole de l’UNICEF lors d’un point de presse ce vendredi à Genève.
Des milliers d’élèves sont ainsi privés d’école. Plus de 157.000 enfants ne vont pas à l’école dans la région de Mopti, sur un total de 260.000 enfants touchés par la fermeture d’écoles au Mali.
« Près d’un tiers des écoles de la région de Mopti sont maintenant fermées en raison de l’insécurité, compromettant le droit à l’éducation » de milliers d’enfants.
La forte détérioration de la situation humanitaire dans la région centrale de Mopti, due aux violences intercommunautaires et à la présence de groupes armés, affecte de plus en plus les enfants les plus vulnérables.
« Outre l’inquiétude croissante suscitée par de graves violations contre des enfants, comme l’assassinat sans précédent de 46 enfants lors de l’attaque de Bankass du 23 mars, l’UNICEF est particulièrement préoccupé par l’augmentation du nombre de fermetures d’écoles », a ajouté M. Boulierac.
L’UNICEF plaide pour la réouverture des écoles quand les conditions sécuritaires le permettent
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, les fermetures d’écoles sont liées à la détérioration générale de la sécurité à Mopti, en particulier « aux menaces directes et indirectes aux communautés, aux écoles et aux enseignants ». Mais d’autres facteurs, comme par exemple le manque de matériel pédagogique ou l’absence ou le déplacement d’enseignants, en sont également responsables.
Face à cette situation, l’Agence onusienne et ses partenaires préconisent la réouverture des écoles, chaque fois que les conditions le permettent. « Cela a conduit à la réouverture récente de plus de 150 écoles », a précisé le porte-parole de l’UNICEF. Le gouvernement du Mali a également approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui s’engage à protéger et à poursuivre l’éducation dans les conflits.
En outre, l’UNICEF collabore étroitement avec le groupe chargé de l’éducation au sein des humanitaires et le Ministère de l’éducation afin de dispenser un apprentissage ininterrompu aux enfants touchés par le biais de mécanismes temporaires tels que des centres d’apprentissage communautaires informels. L’Agence onusienne mise également sur des innovations telles que la formation des enseignants par le biais de tablettes.
Plus de 70.000 déplacés dont plus de 70% sont dans la région de Mopti
Malgré la résilience des communautés et les efforts soutenus du gouvernement et des acteurs humanitaires, la situation générale des enfants du centre du Mali reste très préoccupante.
« La peur et l’insécurité compromettent la capacité des familles de se déplacer, de faire du commerce et d’accéder aux services sociaux de base, notamment les centres de santé », a fait valoir l’UNICEF.
Une insécurité qui fait que près de 70.000 personnes ont été déplacées dans la région de Mopti, principalement dans les zones proches de la frontière avec le Burkina Faso.
Selon ces données gouvernementales et de l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM), cela représente une augmentation de plus de 13.000 personnes depuis fin 2018. La région de Mopti accueille désormais la grande majorité, avec les deux tiers de toutes les personnes déplacées au Mali (70%).
Par ailleurs, la hausse des prix des produits alimentaires et la menace d’insécurité alimentaire exercent aussi une pression supplémentaire sur les familles vulnérables et leurs moyens de subsistance.
« En bref, la crise prolongée au centre du Mali a des répercussions sur tous les aspects de la vie des enfants et compromet leur éducation, leur droit à la sécurité, à la protection, au bien-être et à la santé », conclut l’UNICEF.
Source : ONU
https://news.un.org/fr/story/2019/04/1042001