De nombreux enfants travaillant dans des plantations de tabac au Malawi ne sont toujours pas scolarisés, ont averti mercredi des experts indépendants de l’ONU, qui ont exhorté le gouvernement et les compagnies de tabac opérant dans le pays à améliorer les conditions de travail et à garantir la protection des droits humains tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Dans ce pays d’Afrique australe, des centaines de mineurs sont illégalement employés pour cultiver la principale ressource économique malawite. Les exploitations de tabac sont généralement situées dans des zones reculées où « l’accès à l’assistance et à la protection contre les violations des droits du travail est limité, et où les mesures visant à prévenir la traite des personnes sont faibles ». Selon les experts, l’éloignement des exploitations a également un impact négatif sur l’accès des enfants à l’éducation et aux écoles.
Au lendemain de la pandémie de Covid-19, plus de 400.000 enfants ne seraient pas retournés à l’école. « Un grand nombre d’enfants travaillant dans les exploitations de tabac ne sont toujours pas scolarisés et ne sont pas retournés à l’école après la pandémie », ont-ils affirmé.
Les experts indiquent avoir pris note des efforts entrepris par le Malawi et par certaines compagnies de tabac, notamment en soutenant les programmes d’alimentation scolaire et les bourses d’études, mais ont estimé que ceux-ci s’avéraient insuffisants.
Plus de 7.000 adultes et 3.000 enfants victimes d’abus
« Malgré l’abolition du système de location, de graves inquiétudes persistent quant aux risques de trafic d’enfants et de travail forcé », ont regretté les experts, relevant que les pays abritant les compagnies de tabac à « renforcer leur action pour prévenir la traite et le travail forcé des enfants ».
Alors que des violations des droits de l’homme ont été signalées dans le secteur, les experts indiquent avoir établi un dialogue avec certaines des principales entreprises impliquées dans l’industrie du tabac dans le pays, notamment British American Tobacco, Imperial, Philip Morris International et Japan Tobacco Group. « Les cas signalés concernent plus de 7.000 adultes et 3.000 enfants », ont-ils fait remarquer.
Plus largement, les experts ont appelé Lilongwe à renforcer de toute urgence la surveillance, l’application et la reddition des comptes des entreprises afin de prévenir les atteintes aux droits de l’homme et de veiller à ce que les codes de conduite soient effectivement mis en œuvre dans la pratique. « L’amélioration de la transparence, de l’établissement de rapports et de la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme dans la chaîne d’approvisionnement du tabac doit être garantie », ont insisté les experts.
Une quinzaine d’experts ont endossé cette déclaration sur le Malawi dont Tomoya Obokata, Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, mais aussi les membres du Groupe de travail sur les droits de l’homme et les sociétés transnationales et ceux du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles.
Source: ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2022/12/1130817