L'interdiction de la fessée fait figure de norme à l'échelle européenne

mar, 12/04/2018 - 12:58 -- siteadmin

Vingt-trois pays de l'Union européenne ont adopté une législation interdisant en toutes circonstances d'infliger des châtiments corporels aux enfants.

Le débat vient d'être relancé par l'Assemblée, après l'adoption en première lecture d'une proposition de loi du MoDem. La France, longtemps attachée à son «droit de correction», fait toutefois partie des pays les plus rétifs à une modification de sa législation sur les violences éducatives. À tel point que le Conseil de l'Europe avait admonesté Paris il y a trois ans pour ne pas respecter la Charte sociale européenne. Actuellement, 54 pays à travers le monde ont adopté une législation interdisant en toutes circonstances d'infliger des châtiments corporels aux enfants, selon l'ONG britannique Global Initiative to End All Corporal Punishment of Children. Au niveau européen, l'interdiction de la fessée fait même quasiment figure de norme puisque 23 États membres ont légiféré en ce sens.

Pointée du doigt, la France a bien tenté d'emboîter le pas de ses voisins. Début 2017, un amendement glissé dans la loi «égalité et citoyenneté» avait finalement été retoqué par le Conseil constitutionnel parce qu'il s'agissait d'un «cavalier législatif», c'est-à-dire sans rapport avec l'objet du projet de loi.

La proposition de loi centriste constitue donc une nouvelle chance pour la France de se conformer aux traités internationaux. Car, comme ne manque pas de le faire remarquer la rapporteure du texte Maud Petit, Paris s'est engagé dans ce sens en signant en 1990 la Convention internationale des droits de l'enfant. L'Hexagone n'est toutefois pas le seul à la traîne. En Europe, la Belgique, Le Royaume-Uni ou l'Italie n'ont pas non plus légiféré contre les violences éducatives ordinaires.

L'exemple suédois

À l'inverse, la Suède, chantre du modèle d'éducation de la «parentalité positive», excluant la moindre punition physique, fait figure de pionnier. Le pays a été le premier à légiférer de la sorte, dès 1979. Quarante ans plus tard, la question ne fait guère plus débat là-bas, plus de 93 % de la population approuve la mesure. D'autres pays nordiques ont d'ailleurs suivi l'exemple, comme la Finlande en 1983 et la Norvège en 1987, imités dans les années 1990 par l'Autriche, Chypre, le Danemark, la Lettonie et la Croatie. Ce mouvement s'est encore accéléré à compter des années 2000: Allemagne, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Grèce, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Luxembourg, Pologne, Espagne, Portugal, Irlande, Argentine, Brésil, Nouvelle-Zélande, etc. D'autres se sont déjà engagés à les suivre.

Car les résultats s'avèrent plutôt probants. «Il ne fait plus aucun doute que l'interdiction de la violence éducative a un effet de réduction de la violence», concluaient en 2012 les auteurs d'une étude comparative à l'échelle européenne. En Suède, certains chercheurs font même un lien avec la baisse significative de la consommation d'alcool et de drogues ou encore la chute de la délinquance observées entre 1979 et 1995. Mais des voix discordantes se font toujours entendre. Le psychiatre David Eberhard dénonce ainsi les dérives dans son pays où il est, selon lui, devenu interdit de corriger les enfants de quelque manière que ce soit. L'auteur de l'ouvrage Les enfants suédois ont pris le pouvoir juge ceux-ci mal préparés à l'âge adulte.

Source : Le Figaro

http://www.lefigaro.fr/international/2018/11/30/01003-20181130ARTFIG00148-l-interdiction-de-la-fessee-fait-figure-de-norme-a-l-echelle-europeenne.php