Les gouvernements de la Région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se sont engagés, jeudi, à éliminer toutes les formes de poliomyélite qui subsistent et ont présenté un tableau de bord conçu pour suivre les progrès accomplis en vue de l’éradication du virus.
Ces engagements ont été pris lors d’une réunion consacrée à la lutte contre la poliomyélite organisée dans le cadre de la soixante et onzième session du Comité régional de l’OMS pour l’Afrique.
« Le succès de l’éradication de la polio sauvage témoigne de ce que nous pouvons accomplir lorsque nous œuvrons de concert en ayant pleinement conscience de l’urgence », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Alors que la Région africaine a été certifiée exempte de poliovirus sauvage il y a un an, après quatre années consécutives sans nouveau cas, des flambées de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale (PVDVc) continuent de se propager, notamment au sein des communautés où un nombre insuffisant d’enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite.
Le nombre de cas a augmenté l’année dernière, en partie à cause des perturbations des campagnes de vaccination contre la poliomyélite causée par la Covid-19.
Plus de la moitié des cas de polio dans le monde enregistrés en Afrique
Depuis 2018, 23 pays de la Région ont été touchés par des flambées et plus de la moitié des 1071 cas de PVDVc dans le monde ont été enregistrés en Afrique.
« La Covid-19 a menacé cette victoire, dans la mesure où les gouvernements ont travaillé d’arrache-pied pour limiter la propagation de la Covid -19 en suspendant certaines campagnes de vaccination », a relevé la Dre Moeti.
Lors du Comité régional, les pays ont discuté de la manière d’amorcer la mise en œuvre de la nouvelle Stratégie d’éradication de la poliomyélite 2022-2026 lancée en juin pour stopper de toute urgence la propagation des poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale.
L’objectif est d’accélérer et d’améliorer la qualité de la riposte aux flambées épidémiques, notamment par le déploiement rapide de personnel de renfort du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique à l’appui des pays dès que des flambées sont détectées.
Il s’agit également d’intégrer davantage les campagnes de lutte contre la poliomyélite à la prestation des services de santé essentiels et à la vaccination systématique afin d’atteindre les enfants qui n’ont jamais été vaccinés. Mais le plus urgent reste de déployer le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2 (nOPV2). Il s’agit d’un nouvel outil qui pourrait endiguer plus durablement les flambées dues à des poliovirus circulants dérivés de souches vaccinales de type 2, qui sont les plus répandues.
À ce jour, six pays d’Afrique ont déployé le vaccin. Près de 40 millions d’enfants ont été vaccinés et aucun problème d’innocuité n’a été relevé.
« La poliomyélite ignore et méprise les frontières. Sa présence dans n’importe quel coin ou recoin de notre région constitue une menace pour tous les pays.. Avec une action collective, nous vaincrons toutes les formes de polio », a déclaré le Professeur Moustafa Mijiyawa, Ministre de la santé du Togo.
100 millions d’enfants africains vaccinés contre la polio depuis juillet 2020
Le programme de lutte contre la poliomyélite a toujours soutenu la riposte aux nouvelles menaces sanitaires dans la Région, notamment la maladie à virus Ebola et la COVID-19. Et la moitié du personnel de renfort affecté à la lutte antipoliomyélitique épaule actuellement les pays dans la surveillance de la COVID-19, la recherche des contacts et la participation communautaire.
Près de 100 millions d’enfants africains ont été vaccinés contre la polio depuis juillet 2020, après que certaines activités ont été suspendues à cause de la pandémie de COVID-19. « Nous devons atteindre plus d’enfants, plus rapidement et entièrement, afin de ne pas seulement endiguer les flambées promptement, mais aussi d’étendre la couverture vaccinale et de donner aux enfants une protection durable contre cette maladie évitable », a déclaré le Dr Tunji Funsho, président du Comité national PolioPlus du Nigéria.
« Nous disposons du savoir-faire, mais il doit être adossé à des ressources humaines dévouées pour atteindre toutes les communautés sous-vaccinées et faire en sorte que tous les enfants s’épanouissent dans un monde exempt de poliomyélite », a conclu la Dre Moeti, relevant qu’ensemble, l’Afrique peut « aider le monde à venir à bout de la poliomyélite ».
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/story/2021/08/1102462