Les microbes de la mère peuplent l’intestin du bébé

jeu, 07/27/2017 - 15:19 -- siteadmin

C’est au moment de l’accouchement qu’a lieu la transmission des bactéries de la mère à l’enfant. En laissant une empreinte à vie...même si l’enfant développe ensuite son propre microbiote.

Depuis quelques années, les nombreuses études le confirment: plus il y a d’accouchements par césarienne, plus le nombre d’enfants souffrant d’allergies et d’asthme augmente. Mais ce n’est pas l’unique raison, il existe un coupable tout désigné: le microbiote intestinal, c’est-à-dire les populations de bactéries qui siègent dans notre tube digestif. On sait en effet qu’il est lié à de nombreuses maladies. Mais aussi que, selon le mode d’accouchement, il ne se met pas en place de la même façon…

Dans le ventre de sa mère, le futur petit humain a un tube digestif parfaitement stérile: aucune bactérie n’y a encore élu domicile. C’est en venant au monde qu’il se contamine. «Les premières bactéries qu’il rencontre sont celles provenant du vagin et de la région périnéale de sa mère, si l’accouchement a lieu par voie basse», explique le Pr Harry Sokol, gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. La colonisation microbienne s’effectue dans un ordre précis. Les premières espèces qui s’installent sont des bactéries ayant besoin d’oxygène pour se multiplier: la fameuse Escherichia Coli, star des laboratoires, puis les entérocoques, les staphylocoques, etc. Comme elles consomment tout l’oxygène présent dans le tube digestif, d’autres espèces, qui ne prolifèrent qu’en l’absence de ce gaz (on les dit anaérobies), peuvent elles aussi prendre possession des lieux: elles ont pour nom Clostridium, Bifidobacterium, Bacteroides. Mais l’implantation n’est pas la même si la naissance se fait par césarienne.

Le microbiote joue un rôle important dans le système immunitaire.

«Dans ce cas, le nouveau-né va d’abord être au contact des microbes de l’environnement, c’est-à-dire de l’air, de la peau de sa mère ou du personnel soignant», commente le Pr Sokol. Les premières bactéries s’installant alors dans son tube digestif ne seront pas les mêmes. Les espèces anaérobies mettront plus de temps à s’établir. Et ce ne sera pas sans impact sur la santé. Le microbiote joue en effet un rôle important dans notre système de défense immunitaire: c’est lui qui apprend à nos cellules intestinales à faire la différence entre les microbes «amis» et des microbes «ennemis», c’est-à-dire pathogènes. Les premières interactions entre nos cellules et les micro-organismes n’ayant pas été les mêmes au départ, il va en rester une empreinte toute la vie. C’est pour cette raison que, tout récemment, des chercheurs américains ont testé une méthode inédite: ils ont présenté à quatre bébés nés par césarienne des tissus imprégnés de la flore vaginale de leur mère…

Bien sûr, pléthore d’autres facteurs contribuent à modifier la flore intestinale tout au long de la vie. Le choix entre l’allaitement maternel ou le biberon de lait artificiel est l’un d’eux. Vient ensuite, dès l’enfance, celui d’un régime riche en légumes et en fibres ou, au contraire, du type fast-food. Et enfin la prise de certains médicaments. Les plus influents sont évidemment les antibiotiques, dont le but n’est autre que de détruire les bactéries. «Chez la souris, il a été montré que la prise précoce d’antibiotiques a un impact sur toute la vie en termes de risques d’allergies, d’inflammations ou d’obésité», fait remarquer le Pr Sokol. Cela reste encore à prouver chez l’humain. Mais le message est clair: la petite enfance est une période clé pendant laquelle il faut bichonner le microbiote.

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/les-microbes-de-la-mere-peuplent-l-intestin-du-bebe