Infections, poux, gale ou encore maux de dos... L’école est le terreau de nombreuses maladies pour les enfants.
«Mon fils de 4 ans se chope tout ce qui traîne à l’école: il enchaîne rhume et gastro», se lamente Eloïse. «Une semaine après la rentrée, ma fille de 5 ans est revenue à la maison avec la varicelle. Ensuite, elle a déjà fait plusieurs rhino-pharyngites. Et l’aînée de 8 ans est déjà revenue trois fois avec des poux depuis septembre, je n’en peux plus», surenchérit Juliette. Tous les parents vous le diront, mettre son enfant à l’école, c’est bien souvent avoir le sentiment de le jeter dans un véritable bouillon de culture, dans tous les sens du terme…
Rien de plus normal, rétorquent les pédiatres. «À moins de mettre tout le monde sous bulle, c’est inéluctable», explique le Dr François Vié le Sage, pédiatre à Aix-les-Bains. La collectivité va en effet favoriser la propagation des microbes, qui passent de l’un à l’autre soit par les voies aériennes (lorsque l’on tousse, éternue, parle ou qu’on embrasse), soit par l’intermédiaire des mains, véritables nids à microbes.
Entrer dans une communauté bactérienne
Lorsqu’un enfant pense à mettre sa main devant la bouche lorsqu’il tousse, il ne va pas la laver immédiatement et va ainsi déposer ses microbes sur tout ce qu’il va toucher: poignées de porte, balles, ballons… Ces micro-organismes vont attendre tranquillement de se déposer sur d’autres mains, qui vont ensuite être portées à la bouche, au nez…«Vous ajoutez à cela des classes trop chauffées, pas suffisamment aérées et peu désinfectées, et vous avez le cocktail idéal pour favoriser la contagion», affirme le Dr Jérôme de Moulliac, pédiatre à Paris.
Faire sa rentrée scolaire, c’est donc aussi entrer dans une communauté bactérienne et virale assez active. Faut-il pour autant s’en alarmer? «Non, car les infections permettent aussi à l’enfant d’acquérir son immunité. Le problème n’est donc pas d’éliminer les infections mais d’éviter les plus graves ou d’en restreindre la fréquence. Et seule la vaccination peut effectivement protéger contre les maladies infectieuses les plus dangereuses», explique le Dr Vié le Sage, qui rappelle l’importance d’un carnet de vaccination à jour.
Fièvre, toux, nez qui coule ou bouché… il ne reste donc qu’à prendre son mal en patience. Ces épisodes infectieux s’espaceront d’eux-mêmes lorsque les enfants auront un système immunitaire aguerri. «Les enfants sont particulièrement exposés jusqu’à l’âge de 5 ans, ensuite cela se calme», rassure le médecin.
Règles d’hygiène
Peut-on néanmoins éviter les microbes? À part quelques conseils d’hygiène, comme éternuer dans sa manche et se laver régulièrement les mains - de bons conseils qui, on s’en doute, sont rarement suivis -, il n’existe aucune solution miracle. Ainsi, tous les produits qui promettent de booster le système immunitaire n’ont jamais fait leurs preuves.
Une bonne hygiène de vie générale, avec une nourriture équilibrée et suffisamment de sommeil, seront bien plus utiles. «J’insiste toujours auprès des parents sur l’importance de l’apport en fer dès le plus jeune âge. L’alimentation doit y pourvoir sans problème», insiste François Vié le Sage. Une fois la maladie déclarée, que faire? «Un enfant malade n’a pas sa place à l’école», rappelle le Dr de Moulliac.
La chasse aux poux
Les infections ne sont pas les seuls désagréments provoqués par la promiscuité des cours de récréation. Redoutés par toutes les mères de famille, les poux demeurent un véritable fléau des préaux…
«La première fois que ma fille est rentrée à la maison avec un petit mot disant qu’on soupçonnait la présence de poux à l’école, j’avoue que j’ai un peu paniqué. Elle a les cheveux longs et frisés et j’imaginais déjà que j’allais devoir les couper très courts», raconte Christine.
Depuis, cette mère de trois enfants explique être devenue une experte de la chasse aux poux. Elle a en effet testé toutes les méthodes pour venir à bout de ces petits insectes parasites qui prospèrent sur la tête des enfants et empoisonnent le quotidien une bonne partie de l’année. Car, même si les pics épidémiques se présentent aux retours en classe, les poux ne prennent pas de vacances et sévissent en permanence.
Pas de données officielles sur l’étendue des poux
Combien d’enfants scolarisés sont-ils touchés par l’invasion de poux dans leur tête? Difficile de le savoir. «La pédiculose n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, il n’existe donc pas de données officielles. Mais des études réalisées un jour donné dans des écoles ont trouvé 3 à 4 % d’enfants porteurs de poux», explique le Pr Olivier Chosidow, dermatologue à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil. Des données qui datent de la fin des années 1990 font état de taux de 6 à 8 % dans les écoles en France.
Autre maladie parasitaire, plus rare mais bien plus stigmatisante, la gale peut s’inviter dans les cours d’école. «Mais depuis le remboursement il y a un an d’un traitement, les épidémies semblent avoir disparu», rassure le Dr Aude Maza, dermatologue pédiatrique au CHU de Toulouse. Et si la maladie traîne une réputation sulfureuse, elle demeure bénigne à condition d’être prise en charge rapidement.
Un enfant sur trois n’irait pas aux W.C.
L’école favorise la diffusion des maladies liées à la proximité d’enfants dont les règles élémentaires d’hygiène laissent souvent à désirer. L’institution va aussi aggraver certains maux et générer ses propres affections. Ainsi, face à la propreté parfois douteuse des toilettes, les enfants prennent de mauvaises habitudes qui entraînent des infections urinaires ou de la constipation.
«Un enfant devrait uriner cinq ou six fois par jour. Se retenir peut provoquer des infections urinaires basses. Elles ne sont pas graves mais elles sont gênantes et c’est une véritable préoccupation chez les enfants à partir du primaire», constate le Dr Sylvie Hubinois, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa).
Sous prétexte que les toilettes sont sales et qu’il n’y a pas de papier, un écolier sur trois refuserait d’aller aux W.-C. de son établissement et se retiendrait toute la journée, selon l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement.
Les filles sont neuf fois plus concernées que les garçons. «Pour la constipation, le problème peut se résoudre plus facilement. Il suffit d’apprendre aux enfants à aller aux toilettes après le petit-déjeuner ou le dîner sans les stresser, les faire boire suffisamment et leur donner une alimentation riche en fibres», explique Sylvie Hubinois.
L’école ne rend pas les enfants malades
Les parents se retrouvent ainsi confrontés aux plaintes de leur progéniture sans savoir si l’école en est responsable ou si elle ne fait qu’aggraver des maux déjà existants. Selon l’Unicef, plus de 30 % des enfants âgés de 11, 13 et 15 ans déclarent être touchés quotidiennement par un ou plusieurs problèmes de santé tels que douleurs à la tête, au dos ou au ventre, vertiges, sentiment d’être nerveux voire déprimé ou encore mauvais sommeil.
Autant de signes qui révèlent sans aucun doute un mal-être ou un état de stress. Ils ne doivent pas pour autant être balayés d’un revers de main et classés trop vite au rang des somatisations. Toute plainte récurrente mérite en effet une consultation avec un examen clinique.
Les maux de tête pourront être le signe d’un trouble de la vision, de céphalées de tension ou de véritables migraines… Les maux de dos, de plus en plus fréquents, sont également à surveiller. «Les enfants qui font trop de sport peuvent avoir mal au dos. Tout comme les enfants, plus nombreux, qui n’en font pas assez… Et rappelons que la charge des cartables ne devrait pas excéder 10 % de leur poids. Ce qui est rarement le cas. Notamment pour les plus jeunes», met en garde Sylvie Hubinois.
Les pédiatres se montrent cependant rassurants: l’école ne rend pas les enfants malades. Elle peut en revanche servir de révélateur ou accentuer des maux liés à un mode de vie de plus en plus sédentaire et stressant.
Source : Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/les-maladies-a-l-ecole-fleau-des-familles/