Comme chez l’adulte, une alimentation insuffisante va compliquer et ralentir la guérison.
«Souvent liée aux images de pays en guerre et de famine, la dénutrition touche 10 % des enfants hospitalisés et 15 % des enfants atteints d’une maladie chronique», rappelait le professeur Régis Ankard, pédiatre au CHU de Tours, lors de la présentation du Manifeste de lutte contre la dénutrition.
Comme chez l’adulte, elle va compliquer et ralentir la guérison. Mais elle est d’autant plus grave chez l’enfant qu’elle va également ralentir sa croissance. «Pendant les trois premières années de sa vie, l’organe qui grossit le plus chez l’enfant est son cerveau. Cela veut dire que si l’enfant subit une dénutrition pendant cette période, il pourra avoir des conséquences tout au long de sa vie», met en garde dans le Manifeste le professeur Emmanuel Mas, secrétaire général du Groupe francophone d’hépatologie gastro-entérologie et nutrition pédiatrique. Or la moitié des enfants dénutris à l’hôpital ont moins de trois ans. Malgré ces données alarmantes, le dépistage de la dénutrition dans les services pédiatriques reste largement insuffisant. Résultat: un tiers des enfants dénutris seulement sont pris en charge.
Comment redonner le goût de manger?
Conscientes du problème, des associations comme SOS gourmandises à Bordeaux aident les enfants hospitalisés pour un cancer à retrouver le goût de manger. Les chimiothérapies, en provoquant des ulcérations de l’œsophage, ou en modifiant le goût, peuvent en effet être responsables de dénutrition. «Par ailleurs, lorsque l’enfant est hospitalisé, la seule chose à laquelle il peut s’opposer, c’est l’alimentation», notent Laure Alcaraz et Marina Eresué, membres de l’association. Et même si la qualité de l’alimentation est au rendez-vous, le fait que les repas soient servis par du personnel hospitalier donne l’impression à l’enfant «d’ingérer l’hôpital». Comment redonne-t-on le goût de manger? «En sublimant le goût autour de la notion de plaisir», poursuivent Laure Alcaraz et Marina Eresué. À Bordeaux, cela passe par l’organisation d’ateliers crêpes ou gaufres. «Les enfants alimentés par sonde vont s’amuser avec la nourriture et confectionner des plats pour leur papa ou leur maman», expliquent-elles. Autre exemple, lors de repas anniversaires, les enfants vont pouvoir, dans la limite du raisonnable, choisir leur menu…Tout est fait pour que l’enfant oublie qu’il est à l’hôpital et pour lui redonner du plaisir. «Si l’enfant veut manger du poulet pendant une semaine ou des chips à 8 heures du matin, ce n’est pas grave tant qu’il mange», insistent-elles. À condition, toutefois, d’avoir l’autorisation du médecin.
Source: Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/les-enfants-hospitalises-n-echappent-pas-a-la-denutrition