Les effets dévastateurs des punitions et fessées sur nos enfants

mer, 11/21/2018 - 12:10 -- siteadmin

Pour la Journée internationale des droits de l’enfant, rappel: chaque enfant a droit au respect de sa dignité et de son intégrité physique et psychologique.

Aujourd'hui en France, 87% des enfants subissent quotidiennement des pratiques punitives et coercitives auxquelles les parents ont recours "à titre éducatif". A l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, rappelons ce droit inaliénable et pourtant bafoué chaque jour: chaque enfant a droit au respect de sa dignité et de son intégrité physique et psychologique.

Le modèle éducatif traditionnel français accepte les gestes brusques, les fessées, les claques, les mots blessants ou humiliants, comme autant d'outils pour "éduquer" nos enfants. Ainsi, plus de 50% des parents frapperaient leur enfant avant l'âge de 2 ans. Ces violences éducatives dites ordinaires - parce qu'elles sont banalisées, habituelles et courantes - sont pourtant destructrices pour le cerveau des enfants. D'aucuns diront que c'est exagéré! Malheureusement pas...

La violence éducative ordinaire freine le bon développement de l'enfant

En effet, il est démontré scientifiquement que le stress et la peur provoqués dans ce genre de situations génèrent de l'adrénaline et du cortisol: des molécules toxiques qui détruisent les neurones. Neuroscientifiques, médecins, biologistes, sociologues ont analysé les effets des violences éducatives ordinaires: elles freinent le bon développement de l'enfant et ont de nombreuses répercussions sur le devenir de l'adulte. Selon l'Observatoire de la violence éducative ordinaire, la maltraitance - au même titre que les châtiments corporels dits "légers" - accroît les risques de suicide à l'âge adulte, troubles mentaux, cancer, troubles cardiaques et asthme. A terme, elle peut générer des comportements agressifs, modifier le cortex cérébral et réduire le quotient intellectuel.

Heureusement, depuis quelques années, les mentalités bougent, les initiatives se multiplient en faveur de l'éducation bienveillante et positive. Une proposition de loi a même été déposée dans ce sens par la députée Maud Petit pour mettre en place une vraie politique de sensibilisation, de soutien, d'accompagnement et de formation à la parentalité à destination des futurs parents (campagnes d'information, formation de professionnels, affichage chez les médecins...).Il s'agit de la troisième tentative pour que la France s'engage officiellement contre la violence éducative ordinaire. Rappelons qu'en Europe, 23 pays ont déjà abrogé explicitement le droit de correction et interdit toute forme de punition corporelle.

Comprendre les émotions de son enfant

Ne cédons pas à la violence éducative ordinaire. Rappelons-nous que le circuit émotionnel des enfant est en construction. C'est la raison pour laquelle certaines zones - comme celles de la colère - sont davantage stimulées pendant les périodes de 1,5 ans/2 ans. Si un enfant se roule par terre parce que c'est l'heure du bain, il faut garder en tête que ces torrents d'émotions sont une réaction physiologique et non psychologique. La honte, la colère, la peur, la joie... font appel à des hormones spécifiques sécrétées dans notre corps. Mais si tous les humains ont les mêmes émotions quel que soit leur âge, les enfants n'ont pas encore la capacité de les réguler et les tempérer.

L'expression d'une émotion dure environ 90 secondes et se déroule en 3 étapes: la charge, c'est-à-dire la montée des sensations corporelles (gorge sèche, rythme cardiaque qui s'accélère...), la tension c'est-à-dire l'émotion qui entre en action (geste brusque, parole...), la décharge (pleurs, cris, tremblements). Or, il est important de laisser la décharge se dérouler pour ne pas rester en tension. Dire "ne pleure pas" revient à dire "Garde ta douleur à l'intérieur de toi". Lorsqu'on est entendu dans ses émotions, on s'en libère. A contrario, quand on réprime une émotion, elle ressort toujours plus tard, d'où l'importance de laisser les enfants s'exprimer, de ne pas minimiser ("ce n'est rien, ne pleure pas") et de leur apprendre à reconnaître leurs émotions.

Acquérir de nouvelles habiletés éducatives

En pratique, il existe des outils extrêmement bien faits qui peuvent aider au quotidien les parents. La série franco-québecoise "dis-moi" propose en plusieurs épisodes d'à peine 3 minutes des pistes concrètes pour adopter des postures positives, notamment pour comprendre pourquoi l'enfant ne contrôle pas ses colères. Au quotidien, il existe d'autres astuces pratiques pour aider l'enfant à s'apaiser quand l'émotion redescend: lui proposer de boire de l'eau, de souffler sur une plume, de respirer en comptant jusqu'à 10, de gribouiller, froisser et jeter le dessin une fois la colère traversée...Continuer d'accompagner l'enfant dans la reconnaissance de ses émotions hors crise, c'est l'aider à grandir et à se construire.

Source : HuffPost

https://www.huffingtonpost.fr/ingrid-bergeaud/les-effets-devastateurs-des-punitions-et-fessees-sur-nos-enfants_a_23587347/