Au Sommet mondial sur le handicap organisé à Londres, l’ONU a souligné que les personnes handicapées doivent être pleinement impliquées dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).
« Rien sur nous, sans nous ». Tel est le principe directeur de ce sommet coorganisé mardi par les gouvernements du Royaume-Uni et du Kenya dans la capitale britannique. Une devise similaire à celle du Programme de développement durable à l'horizon 2030 qui vise à « ne laisser personne de côté ». Ces deux maximes qui concernent au premier chef les 1,5 milliard de personnes handicapées dans le monde, dont la plupart connaissent une situation alarmante.
« Trop de personnes handicapées, peu importe où elles vivent et quelles que soient leurs capacités, font l'objet de discrimination et voient leur condition totalement exclue », a déploré Amina Mohammed, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies. « Dans les pays en développement en particulier, ils sont victimes de privations effroyables et se voient refuser l'accès à l'éducation, aux soins de santé et à la possibilité de participer à la vie publique ».
« Alors que nous avons parcouru un long chemin sur notre route vers la réalisation des droits des personnes handicapées, nous savons tous qu'il reste encore beaucoup à faire », a pour sa part rappelé Achim Steiner, l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
« Les personnes handicapées doivent avoir une voix, afin qu'elles puissent identifier leurs besoins, exprimer leurs points de vue sur les priorités, évaluer les services et plaider en faveur du changement », a déclaré de son côté Mark Lowcock, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires.
Les Etats membres doivent mener les efforts en faveur des droits des handicapés
Dans la capitale britannique, plusieurs hauts responsables de l’ONU ont rappelé qu’il appartient aux gouvernements d’accroitre les efforts en faveur des droits des personnes handicapées.
« Pour progresser sur la voie de l'inclusion, les gouvernements doivent prendre en compte les droits des personnes handicapées dans leurs plans de développement nationaux », a dit M. Lowcock.
La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Henrietta Fore a, pour sa part, souligné que son agence et ses partenaires œuvreront avec les gouvernements « pour nous assurer que les lois et politiques nationales répondent aux besoins des enfants handicapés ».
Pour la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, l'engagement des gouvernements à faire progresser les droits des personnes handicapées est bien établi - « tant par l'adoption universelle du Programme de développement durable à l'horizon 2030 que par le fait que la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées soit l'un des traités des droits de l'homme les plus ratifiées au monde ».
Adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2006, la Convention « est actuellement mise en œuvre par plus de 90% des Etats membres de l'ONU », s’est felicite M. Steiner, y voyant la preuve que les gouvernements peuvent se mobiliser autour d’une cause globale.
Davantage de partenariats et de participation de tous les segments de la société
Mais si les gouvernements doivent mener la transformation en faveur des personnes handicapées, cette dernière « exige les efforts de toute la société », a souligné Mme Mohammed.
Les chefs d’OCHA, de l’UNICEF et du PNUD ont souligné leurs intentions de travailler davantage avec les personnes handicapées et les organisations qui les représentent pour faire entendre leur donner voie au chapitre.
Une collaboration qui est déjà en cours avec le Partenariat des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées (UNPRPD) qui réunit des entités des Nations Unies, des gouvernements, des organisations de personnes handicapées et une société civile plus large. Depuis son lancement en 2012, ce partenariat a réussi à promouvoir une action conjointe des Nations Unies dans près de quarante pays.
« En Moldavie, nous avons aidé à faire en sorte que les personnes ayant une déficience mentale et intellectuelle puissent mener une vie indépendante ; au Viet Nam, nous avons aidé les personnes handicapées à avoir accès à la justice ; et en Ouganda, les enfants handicapés bénéficient de la technologie d'assistance en tant que catalyseur de l'éducation inclusive », a donné pour exemple M. Steiner.
Un tiers des 30 millions de personnes déplacées de force sont handicapées
Dans les situations d’urgence humanitaire, les agences onusiennes essaient de faire mieux pour répondre aux besoins des personnes handicapées et cela passe par la disponibilité de données de meilleure qualité.
« Nous savons par le HCR (l’agence des Nations Unies pour les réfugiés) et d'autres (agences) que 10 fois plus de personnes handicapées sont identifiées lorsque des questions appropriées sont incluses dans les entretiens d'enregistrement des réfugiés », a donné comme exemple M. Lowcock.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), sur les 130 millions de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire dans le monde, 15% sont handicapées. L'année dernière, les conflits et les catastrophes naturelles ont déplacé de force plus de 30 millions de personnes - dont un tiers étaient des personnes handicapées.
« Il n'y a pas de solution miracle, mais l'exigence fondamentale et fondamentale est d'inclure les personnes handicapées et leurs organisations dans la planification et la mise en œuvre des réponses aux crises humanitaires », a dit Mark Lowcock, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires.
Scolariser 30 millions d'enfants handicapés supplémentaires d'ici 2030
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), environ la moitié des enfants handicapés ne vont pas à l'école. Les préjugés, la stigmatisation et le manque d'apprentissage accessible explique cette déscolarisation. L’autre moitié de ceux qui vont à l'école ne reçoivent pas une éducation de qualité en raison d’un manque d'enseignants qualifiés, d'installations accessibles ou d'outils d'apprentissage spécialisés.
« C'est un gaspillage tragique de potentiel - pour ces enfants et pour leurs sociétés et leurs économies », a déploré la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore. Selon une estimation, l'exclusion de l'éducation des enfants handicapés peut coûter entre un et cinq pour cent du PIB à un pays en raison de la perte de revenus potentiels.
L'UNICEF et ses partenaires se sont fixés pour objectif de scolariser 30 millions d'enfants handicapés supplémentaires d'ici 2030 en construisant des systèmes éducatifs plus inclusifs et accessibles dans 142 pays.
Mme Mohammed a indiqué que le Secrétaire général de l’ONU a lancé un examen de l'approche des Nations Unies en matière de handicap, « tant sur le plan institutionnel que sur le plan opérationnel, et nous espérons aller de l'avant avec des améliorations spécifiques en 2019 ».
Plus tard cette année, le chef de l’ONU publiera un tout premier rapport phare sur le handicap et le développement, « qui fournira une base de référence indispensable concernant la situation des personnes handicapées dans le contexte des objectifs de développement durable », a précisé la Vice-Secrétaire générale.
Source : ONU
https://news.un.org/fr/story/2018/07/1019742