Un adolescent sur deux a déjà vu une vidéo pornographique, le plus souvent sur son smartphone. Soit une forte augmentation (+ 14 points) par rapport à 2013. L’âge moyen du premier visionnage d’un film X, en principe interdit aux moins de 18 ans, se situe autour de 14 ans.
Dans cette pratique qui concerne majoritairement les garçons (63 %), la proportion de filles a doublé en quatre ans. Ces chiffres alarmants sont révélés par une étude Ifop commandée par l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), chargé par le gouvernement d’une réflexion pour prévenir l’exposition des mineurs à la pornographie.
Contenus interdits, sites illégaux
En France, le fait d’exposer un mineur à un message à caractère pornographique est interdit par la loi. Ce délit est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Les adolescents d’hier bravaient les interdits en s’échangeant des cassettes vidéo. En dix ans, Internet a changé la donne.
La pornographie est devenue très facile d’accès, à la portée de tous, en un ou deux clics sur la tablette ou le smartphone. Dans neuf cas sur dix, les sites consultés sont gratuits. Ces sites illégaux pilotés de l’étranger ont pour seul objectif de générer un trafic important qui leur rapporte chaque année plusieurs centaines de millions d’euros.
« Pour faire de l’audience, ils mettent en ligne les contenus les plus trash, les plus violents », dénonce Thomas Rohmer, fondateur et directeur de l’OPEN. En avril, celui-ci co-pilotera avec la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) un groupe de travail en vue de mettre en oeuvre les préconisations du ministère des familles.
Effets comparables à ceux d’un abus sexuel
Plus d’un adolescent sur deux indique être « tombé par hasard » sur des extraits de films porno en surfant sur le web, et considère, « avec le recul », qu’il a vu son premier film X « trop jeune ». Plus d’un garçon sur deux et plus d’une fille sur trois estiment que la pornographie a participé à l’apprentissage de leur sexualité.
La plupart des spécialistes s’alarment sur les effets dévastateurs de la pornographie sur la psychologie des enfants et adolescents, et leur sexualité ultérieure. Ces effets seraient comparables à ceux d’un abus sexuel.
Un autre danger concerne l’addiction à la pornographie, une réalité largement passée sous silence en France. « Le porno est un produit de consommation de masse. Il est devenu une problématique citoyenne, absente du débat public », regrette David Reynié, auteur d’une brochure très éclairante sur le sujet, éditée par Fondapol.
Source : La Croix