Le nombre d’adolescentes britanniques qui s’automutilent a augmenté ces dernières années.
Scarification, prise de drogue, étranglement… Les moyens de se faire du mal sont nombreux. Et ces pratiques ont progressé ces dernières années chez les adolescents britanniques, surtout chez les jeunes filles. C’est ce que révèle une étude de l’université de Manchester publiée dans la revue British Medical Journal (BMJ) .
Les chercheurs ont examiné les données de plus de 16.000 patients britanniques âgés de 10 à 19 ans et qui se sont automutilés entre 2001 et 2014. L’automutilation était entendue au sens large et concernait: la scarification, la prise massive de drogue, l’auto-asphyxie etc. Ils ont ensuite comparé ces adolescents avec d’autres présentant les mêmes caractéristiques (sexe, âge, etc.) mais sans aucun antécédent d’automutilation.
Première constatation: les filles sont plus nombreuses à se faire du mal. Sur 10.000 jeunes filles, 37 s’étaient automutilées, contre 12 pour 10.000 chez les garçons - soit près de quatre fois moins. Entre 2011 et 2014, la pratique a augmenté de près de 70%chez les adolescentes entre 13 et 16 ans.
«L’importance du nombre d’automutilation dans cette classe d’âge est potentiellement due (…) à des facteurs biologiques tels que la puberté et le début de l’activité sexuelle», notent les auteurs de l’étude. Mais ils évoquent également les médias sociaux, qui «peuvent faciliter l’accès aux soins», notamment grâce aux informations sur la santé dont ils regorgent, «mais ils ont aussi des effets délétères», rappellent les auteurs de l’étude, qui dénoncent la présence sur Internet d’«un contenu qui encourage ou normalise l’automutilation».
Pour Jean-Michel Huet, psychothérapeute et sexologue: «les jeunes hommes ont plus facilement tendance à tourner leur violence contre les autres, tandis que les jeunes filles sont davantage susceptibles de retourner cette violence contre elles-mêmes, et donc de se blesser.»
Risque de suicide
Face à ce constat, les auteurs britanniques ont voulu savoir à quel point l’automutilation était un facteur de risque important dans le cadre du suicide, deuxième cause de mortalité des jeunes de 10 à 24 ans dans le monde, après les accidents de la route. En effet, comme le souligne le BMJ, la moitié des jeunes gens qui se suicident ont une histoire d’automutilation.
«Les enfants et adolescents qui s’étaient automutilés, avaient neuf fois plus de risque de décéder de causes non naturelles, principalement du fait de suicide, mais également à cause d’overdoses d’alcool ou de drogue», notent les chercheurs, qui demandent une meilleure collaboration entre les institutions britanniques pour «améliorer la sécurité et le bien-être mental des jeunes en détresse».
Car, dernier résultat de cette étude, le système anglais est très inégalitaire: «bien que dans les quartiers les plus défavorisés, le nombre d’automutilations ait été plus important, le suivi des enfants y était moins systématique.»
«Autant je pense que les données concernant le nombre d’automutilation chez les jeunes en France et au Royaume-Uni sont semblables, autant les systèmes de santé français et britannique n’ont rien à voir», conclut le psychothérapeute Jean-Michel Huet, qui estime que les adolescents français disposent d’un meilleur cadre.
Source: Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/les-adolescentes-britanniques-s-automutilent-plus-que-les-garcons/