Le Kenya, le Mozambique et le Niger ont endigué des flambées de poliomyélite qui avaient éclaté en différents épisodes au cours des deux dernières années. Une nouvelle donne qui permet à ces trois pays africains de retrouver leur statut de pays exempt de poliomyélite, a annoncé lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« L’arrêt des flambées dans ces trois pays est la preuve que les activités de riposte, associées à des campagnes de vaccination de haute qualité et à une surveillance vigilante de la maladie, peuvent mettre un terme aux flambées restantes dans la région », a déclaré le Dr. Modjirom Ndoutabe, coordonnateur de l’équipe de réponse rapide aux flambées de poliomyélite au sein du bureau de l’OMS pour l'Afrique.
La transmission du poliovirus dérivé du vaccin a été détectée dans ces trois pays en 2018 et début de 2019 et avait touché un total de 14 enfants. « Nous sommes fortement encouragés par cette réalisation et déterminés dans nos efforts pour voir tous les types de poliomyélite éradiqués du continent africain », a ajouté le Dr. Ndoutabe. Pour l’agence onusienne, ces résultats sont la preuve de son engagement et de celui des gouvernements et des partenaires pour « faire en sorte que les générations futures vivent à l’abri de ce virus débilitant ».
Aucun poliovirus sauvage détecté en Afrique depuis 2016
Aucun poliovirus sauvage n’a été détecté en Afrique depuis 2016. Cela contraste fortement avec 1996, année où le poliovirus sauvage a paralysé plus de 75.000 enfants sur tout le continent. Cependant, certains pays sont actuellement confrontés à des flambées de poliovirus d’origine vaccinale.
Les poliovirus dérivé d’une souche vaccinale sont rares, mais ils affectent les populations non-vaccinées et sous-immunisées vivant dans des zones où l’assainissement est inadéquat et où les niveaux de vaccination contre la polio sont faibles. Lorsque les enfants reçoivent le vaccin antipoliomyélitique oral, le virus vaccinal atténué se réplique dans leurs intestins pendant une courte période pour acquérir l’immunité nécessaire et est ensuite excrété dans les selles dans l’environnement où il peut muter.
Si la couverture vaccinale contre la poliomyélite reste faible dans une communauté et que l’assainissement reste insuffisant, les virus mutés seront transmis aux populations sensibles, ce qui entraînera l’émergence de poliovirus dérivés du vaccin.
Les pays qui connaissent encore des flambées de poliovirus d’origine vaccinale en Afrique sont l’Angola, le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Ghana, le Nigéria, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Tchad, le Togo et la Zambie.
Refus de la vaccination et faiblesse de la couverture vaccinale sont parmi les facteurs de risque
Les facteurs de risque de ces flambées sont notamment la faiblesse de la couverture vaccinale systématique, le refus de la vaccination, l’accès difficile à certains endroits et la mauvaise qualité des campagnes de vaccination, qui ont rendu difficile la vaccination de tous les enfants.
Pour l’OMS, les pays africains qui connaissent des flambées épidémiques devraient veiller à ce que leurs systèmes de vaccination systématique soient solides alors qu’ils continuent à mettre en œuvre leur riposte aux flambées.
Il s’agit aussi de suivre les directives convenues au niveau international et en renforçant les activités de surveillance pour détecter rapidement tout nouveau cas. Pour mener à bien l’intervention requise en cas de flambée, l’engagement des autorités gouvernementales à tous les niveaux, de la société civile et de la population en général, est crucial pour garantir que tous les enfants de moins de cinq ans soient vaccinés contre la poliomyélite.
Pour mettre fin aux activités de lutte contre les flambées dans un pays touché, les équipes de surveillance des maladies et de laboratoire, tant au niveau national que régional, doivent confirmer qu’aucune transmission de la poliomyélite n’a été détectée dans les échantillons prélevés sur des enfants paralysés, des enfants en contact et l’environnement pendant au moins neuf mois. La riposte à l’épidémie de poliomyélite exige une solide collaboration multisectorielle.
Source : ONU
https://news.un.org/fr/story/2019/12/1058731