Avec l’ouverture de zones auparavant inaccessibles dans le nord-est du Nigéria, 750 000 personnes peuvent maintenant recevoir de l’aide. L’UNICEF fournit des services de santé et de nutrition vitaux, ainsi qu’un appui dans le domaine de l’éducation et de la protection de l’enfance afin d’aider les enfants à se remettre des horreurs qu’ils ont vécues.
À travers la vitre du cockpit, les monts Mandara apparaissent, menaçants, à l’horizon. Des nuages planent au-dessus de la crête qui marque la frontière entre le nord-est du Nigeria et le Cameroun.
Au pied de ces montagnes se trouve Gwoza, une ville située au cœur du conflit qui a dévasté l’État de Borno. Tandis que nous volons plus bas, une scène de destruction se présente. Les toits arrachés se succèdent et dévoilent des immeubles éventrés, comme si une tornade était passée par là.
Mais au sol, la vie continue parmi les ruines et l’on s’affaire dans l’urgence pour la préserver.
Lutter contre une crise nutritionnelle
Dans le dispensaire local, les mères ne pensent qu’à sauver la vie de leurs bébés et jeunes enfants souffrant de malnutrition. Ali, 15 mois, en fait partie. Sa mère Zainab vient le faire traiter depuis trois semaines.
« J’essaie de faire ce que je peux pour qu’il reprenne des forces et son état s’améliore », explique-t-elle. Des agents de santé pèsent Ali et lui administrent des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi.
« Nous avons reçu 4 000 patients en seulement huit semaines », explique Adong, un bénévole communautaire qui participe à l’identification et au suivi des enfants ayant besoin de soins médicaux dans la ville. Dans l’État de Borno, près d’un quart de million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère et, sans traitement, environ 49 000 enfants mourront.
S’ils sont pris en charge à temps, huit semaines d’aliments thérapeutiques permettent d’obtenir des taux de guérison élevés. L’UNICEF fournit aux cliniques de Borno le traitement nutritif, ainsi que d’autres fournitures médicales essentielles. La formation des agents de santé au traitement des cas graves dans les zones isolées constitue également un volet important de l’intervention d’urgence.
« Cet appui aux services locaux est non seulement une question de vie ou de mort mais aussi un élément crucial pour l’avenir de la communauté et de la région », explique Jean Gough, Représentante de l’UNICEF au Nigéria. « Sans services de santé essentiels et sans accès à l’eau salubre, les familles seront obligées de se déraciner de nouveau », ajoute-t-elle.
Sauver des vies et soigner les esprits
Dans les ruines d’une école primaire locale, un groupe d’adolescents bavarde. La plupart d’entre eux vivaient dans des villages autour de Gwoza mais ont dû fuir vers la ville pour des raisons de sécurité lorsque l’armée nigériane a repris le contrôle en mars 2015.
« Dans mon village, tout a été détruit. La situation est critique là-bas », explique Genesis, 14 ans. « Je reste tout simplement avec mes amis » répond-il lorsqu’on lui demande à quoi ressemble une journée normale. Parmi ses amis, il y a Sodorong, 13 ans, qui porte un chapeau de paille. « C’est un cadeau d’un ami qui l’a fabriqué », dit-il fièrement.
Sodorong vit avec sa grand-mère et trois frères et sœurs. « Mon père a disparu quand ils [Boko Haram] sont venus pendant les troubles », explique-t-il. Depuis, sa mère a quitté l’État de Borno avec un autre homme.
La priorité est d’aider les enfants comme Genesis et Sodorong à se remettre, à guérir et à retrouver une enfance normale, mais avant ce voyage, peu d’aide était parvenue jusqu’à Gwoza.
« Tout d’abord, il faut s’assurer que l’aide nécessaire pour la survie est en place. Ensuite, il faut garantir aux enfants des espaces d’apprentissage et de soutien psychosocial sûrs pour qu’ils puissent passer à autre chose après les atrocités auxquelles ils ont été exposés », explique Jean Gough.
Dans un camp de personnes déplacées à Konduga, à 35 kilomètres au sud-est de la ville de Maiduguri, l’effet de ce travail se ressent. Les enfants participent à des activités récréatives structurées et deux tentes sont remplies d’enfants âgés de 8 à 12 ans qui récitent l’alphabet en chantant bruyamment. Il en émane une énergie que seuls des enfants sont capables de dégager.
« Nous essayons de créer un endroit normal pour les enfants ici », explique Simon, un bénévole qui vit dans cette petite ville et qui est chargé d’inscrire les enfants aux activités. « Ils ont connu l’enfer dans les villages d’où ils viennent. »
Source : UNICEF