« La consolidation de la paix par l’éducation », tel est le thème du débat organisé mercredi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dans l’idée de rebondir sur le supplément publié mardi avec les quotidiens an-Nahar, le Daily Star et L’Orient-Le Jour. Ce supplément s’inscrit dans le projet du PNUD intitulé « La consolidation de la paix au Liban », financé par l’Allemagne. Il regroupe des articles d’enseignants, chercheurs et journalistes sur des problèmes d’éducation en situation de crise et sur la propension de l’éducation à instaurer la paix.
Le débat a été organisé en coopération avec le ministère de l’Éducation au siège du ministère, en présence du ministre Akram Chehayeb et de Céline Moyroud, représentante permanente du PNUD.
Dans son mot d’ouverture, M. Chehayeb a affirmé que « l’éducation est un droit humain et moral pour tous », soulignant que « le ministère a établi une politique de protection de l’enfant qui bénéficie autant aux enfants libanais qu’aux enfants des déplacés syriens ». Il a mis l’accent sur « le rôle de refuge que joue l’éducation dans ce monde troublé par les conflits, les haines et le terrorisme », saluant « les experts en éducation qui œuvrent en vue d’un avenir de paix constante et stable ».
Modéré par Fadi Yarak, directeur général du ministère de l’Éducation, le débat a mis en avant la nécessité de lutter contre la violence et propager les valeurs de paix dans les milieux scolaires, et évoqué les réformes du secteur éducatif mises en place dans l’esprit de parvenir à un développement durable.
Les intervenants, notamment Hilda Khoury et Nahla Harb, respectivement directrice du conseil et de l’orientation et coordinatrice de conseil pédagogique au sein du ministère de l’Éducation, ainsi que Nisrine Tawilé, spécialiste en protection de l’enfant auprès de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance) et Nazir Haoui, un expert qui a travaillé sur l’addiction au numérique, se sont concentrés sur le rôle de l’éducation dans la consolidation de la paix face aux vagues de violence et dans la préparation des enfants à vivre au sein d’une société plurielle, fondée sur le respect de l’autre.
Mmes Khoury et Harb ont évoqué l’engagement du ministère et du PNUD dans une politique de protection de l’enfant qui garantit le développement corporel et mental de l’élève à travers des programmes promouvant le respect de la diversité et des programmes de sensibilisation et de soutien psychologique. L’étape actuelle se situe au niveau des classes primaires, dans lesquelles les jeunes apprennent à gérer la colère et autres sentiments agressifs, ainsi qu’à optimiser leurs capacités au plan relationnel. L’expérience a commencé avec vingt établissements scolaires et s’est étendue cette année à trois cents autres, en attendant de couvrir toutes les écoles publiques sur l’ensemble du territoire.
Vidéos et violence
Les responsables ont fait valoir dans ce cadre que le rendement académique est d’autant meilleur que l’élève est en paix avec lui-même et avec son milieu. Sur un autre plan, ils ont mis l’accent sur le danger pour un enfant de voir des vidéos violentes qui montrent par exemple la perpétration d’un crime ou la torture d’un animal, et qui le pousseraient à reproduire les mêmes scènes d’horreur.
Quant à Mme Tawilé, elle a précisé que cette politique de protection de l’enfant porte tant sur la prévention de la violence que sur la réponse à lui donner au cas où elle surviendrait. Tout en saluant plus généralement le ministère de l’Éducation, qui a-t-elle dit a formé plus de 1 800 personnes à l’apprentissage de la culture de la paix, la responsable au sein de l’Unicef a estimé que l’action de ce ministère doit s’accompagner du travail d’autres ministères (Justice, Affaires sociales, Intérieur…), cela pour que l’enfant bénéficie d’un ensemble de services.
Enfin, le problème de l’addiction aux jeux vidéo n’est pas en reste parmi les facteurs qui favorisent la violence en milieu scolaire. Nazir Haoui a affirmé à ce propos que la mauvaise utilisation des moyens technologiques a un effet nocif sur le mental des enfants. Il a indiqué que les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) viennent d’inclure dans la classification internationale des maladies le trouble lié aux jeux vidéo. Outre qu’il entraîne une altération du rendement scolaire, ce trouble génère un comportement agressif, a noté l’expert en numérique.
Source : L’Orient Le Jour