Dans un village du Népal touché par le séisme de 2015, une jeune mère est en proie aux difficultés pour élever sa fille, née le jour du tremblement de terre.
« Ce que j’aime le plus au monde, c’est ma fille », dit Amita Gurung, tenant serré dans ses bras son bébé, Arpita. « Mais quand je pense au jour où elle est née, j’ai envie de pleurer. »
C’était par un après-midi banal, un samedi. Amita, enceinte de neuf mois, était paresseusement allongée sur son lit en train de regarder la télévision. Soudain, elle a entendu un bruit de cliquetis et sa sœur qui criait : « Un tremblement de terre ! Un tremblement de terre ! »
Le souvenir que conserve Amita du moment où elle était en train de s’extraire de la maison qui s’écroulait alors que le monde entier semblait basculer lui donne toujours l’impression d’un mauvais rêve.
Ce jour-là, c’est le 25 avril 2015 et un séisme dévastateur vient juste de frapper le centre du Népal. Le village d’Amita se trouve sur l’épicentre.
Au milieu des ruines, une vie nouvelle
Deux heures après le tremblement de terre, Amita ressent une douleur à l’estomac. Elle fait part à son beau-père de son inconfort et celui-ci l’identifie immédiatement comme les premières contractions qui précèdent l’accouchement. Amita est emmenée dans une étable pour se préparer à mettre au monde son enfant.
Après trois heures tendues pendant lesquelles a duré l’accouchement, les premiers pleurs de la petite Arpitat se font entendre, insufflant une nouvelle vie au village. Les familles et les habitants sont stupéfaits par la puissance de la nature, à la fois capable d’engendrer au même moment la mort et la naissance.
« Tant de personnes ont péri ce jour-là dans le village. Mais nous deux, nous étions vivantes », dit Amita. « J’ai trouvé cela étrange mais j’étais heureuse que, toutes les deux, nous ayons survécu. »
Après la naissance d’Arpita, le bonheur de la jeune mère est submergé par la crainte, de plus en plus grande, de ne pas pouvoir survivre. « Tout était détruit et enterré, j’étais inquiète en me demandant ce que nous allions manger, ce que nous allions porter et où nous allions dormir », se souvient Amita. « Je me demandais si les secousses permanentes allaient faire du mal à ma fille. »
Amita avait prévu d’aller accoucher au dispensaire mais rien ne s’est passé comme prévu. Elle n’a même pas pu rencontrer l’agente sanitaire bénévole de sa communauté quand elle a ressenti les premières douleurs.
« Je me suis dit que le dispensaire avait été également détruit et je me demandais comment ma fille pourrait recevoir des médicaments si elle en avait besoin », dit-elle.
Amita est reconnaissante envers les membres de sa famille qui se sont occupés d’elle, même quand ils s’inquiétaient pour leur propre sécurité. Malgré le chaos, ils lui ont apporté de l’eau chaude pour qu’elle puisse boire et fait bouillir des nouilles instantanées pour qu’elle puisse manger. Ils ont immédiatement récupéré du bois et des vêtements pour construire un lit improvisé, pour elle et Arpita. Plus tard, ils sont allés chercher du ghee, du riz et des œufs pour être sûr qu’elle puisse s’alimenter et satisfaire ses besoins nutritionnels de jeune mère.
Comme beaucoup de jeunes de son village, le mari d’Amita est parti travailler à l’étranger, aux Émirats arabes unis. Amita a réussi à lui montrer une photo de leur fille en la téléchargeant à l’aide du compte Internet d’un ami. « Il a dit que notre fille avait l’air splendide », dit-elle avec un sourire.
Un an après
Avant le tremblement de terre, Amita avait une maison proprette et magnifique. À l’intérieur, il y avait un poêle non polluant avec des toilettes et l’eau courante à proximité. Aujourd’hui, près d’un an après le tremblement de terre, Amita vit avec quarante autres familles dans un abri au toit de tôle ondulée loin de son village.
« Vivre ici est très inconfortable, spécialement quand il pleut, et c’est accompagné de grêlons et de vents violents », dit Amita. « Les toilettes sont éloignées et sentent mauvais. Le robinet d’eau est loin aussi et nous n’avons pas suffisamment d’eau. »
Malgré des conditions de vie difficiles, Amita a fait en sorte qu’Arpita puisse recevoir toutes les doses requises de vaccins. Elle rencontre fréquemment l’agente sanitaire bénévole de sa communauté pour discuter de la meilleure façon de s’occuper de sa fille et de la nourrir.
Arpita semble être un bébé alerte, prêt à faire ses premiers pas. Mais sa mère s’inquiète à son sujet. « Arpita tombe souvent malade avec une sale toux stridente », dit-elle. « C’est peut-être à cause du froid excessif sous le toit en tôle ondulée et aussi à cause de la fumée des feux de cuisson, à l’intérieur. »
Bien qu’Amita ne soit pas sûre de savoir quand elle pourra donner à sa fille une vie meilleure dans des conditions plus stables, elle est déterminée à le faire. Mariée jeune et dans l’impossibilité de faire des études à cause de sa grossesse, Amita veut plus pour sa fille. « Je veux que l’avenir de ma fille soit vraiment très différent du mien », dit Amita. « Je veux qu’elle fasse autant d’études qu’elle le veut ! »
L’UNICEF collabore avec le Gouvernement népalais et divers partenaires de développement dans les quatorze districts les plus durement touchés par le tremblement de terre. Parmi les opérations en cours figurent l’amélioration des infrastructures et des services de santé, d’éducation, de nutrition et d’eau, d’assainissement et d’hygiène pour le 1,1 million d’enfants qui, comme Arpita, sont sinistrés.
Source : UNICEF