Plus sécurisée et limitée, cette nouvelle version de son application Messenger donne un grand contrôle aux parents. Elle est pour le moment réservée aux détenteurs américains d'iPhone.
Dès six ans, les plus jeunes internautes américains pourront disposer de leur propre compte Messenger. Facebook a annoncé, ce lundi 4 décembre, le lancement d'une version de son application de messagerie mobile uniquement destinée aux enfants. Réservée aux détenteurs américains d'iPhone, elle se présente comme un moyen de communication sûr, dénué de publicité et surtout, entièrement géré par les parents.
Un cadre légal strict
La possibilité d'ouvrir Facebook aux enfants est envisagée depuis plus de cinq ans, selon le Wall Street Journal. L'application finalement créée, «Messenger Kids», garde certaines fonctionnalités phare du service initial. Les plus jeunes pourront y envoyer des messages, GIFs ou stickers, passer des appels audio ou vidéo, et utiliser des filtres et masques pour améliorer leurs photos. Ils ne pourront en revanche pas réaliser de transaction financière, une option ajoutée récemment chez Messenger.
«Messenger Kids» donne aux parents le contrôle sur la création du compte de leur enfant, l'ajout d'amis et le temps passé sur l'application. Toutes ces étapes sont à approuver au préalable. Le service est dépourvu de publicité et est censé collecter un minimum de données sur les enfants. Aux États-Unis, la collecte de données personnelles des moins de 13 ans est strictement encadrée par le Children's Online Privacy Protection Act (COPPA). Elle requiert notamment l'autorisation parentale pour toute récupération d'information, aussi basique qu'un nom et une adresse email.
Pour préserver les enfants des contenus violents, perturbants, ou de toute forme de harcèlement, Messenger Kids dispose d'une option de signalement. Une fois activée, elle fait remonter l'incident aux équipes de Facebook et prévient les parents, par une notification. Une équipe de modérateurs humains a également été déployée par l'entreprise pour repérer les comportements inappropriés.
Les enfants, cible de choix
Les comptes Messenger Kids ne seront associés à aucun compte Facebook. Le réseau social reste en effet interdit aux moins de treize ans. Cette règle est pourtant facile à contourner. Il suffisait jusqu'à présent d'indiquer une fausse date de naissance pour se connecter. En 2011, 7,5 millions d'utilisateurs Facebook étaient ainsi en deçà de la limite d'âge autorisée, selon une étude du magazine mensuel américain Consumer Reports.
Facebook en a bien conscience. Près de cent employés de l'entreprise travailleraient déjà à développer des produits et services destinés spécifiquement aux enfants et adolescents, selon le média américain Recode. Le réseau social est loin d'être le premier géant du Web à s'intéresser à cette catégorie d'âge. Vine (propriété de Twitter) ou encore Google ont, entre autres, tenté de lancer leur version pour enfants, pour encadrer l'utilisation de leurs services et mieux s'adapter aux exigences de la COPPA. Pour ceux qui peinent à s'y conformer, la sentence peut être lourde. En février 2015, l'entreprise Yelp avait été condamnée à 450.000 dollars d'amende(environ 397.000 euros), en raison d'une faille qui permettait aux moins de treize ans de se créer un compte sur l'application sans même avoir besoin de mentir.
Cette catégorie d'âge est très active sur Internet. Plus de 90% des enfants de 6 à 12 ans ont accès à une tablette ou à un smartphone, et 66% disposent de leur propre appareil connecté, d'après la société de conseil Dubit. Les moins de 13 ans seront enclins à rester sur Facebook une fois ados et adultes et représentent une cible publicitaire demandée et un marché lucratif pour les entreprises. «L'objectif n'est pas d'attirer les enfants sur Facebook», tempère néanmoins David Marcus, vice-président de Facebook en charge de Messenger, dans une interview accordée au média américain Buzzfeed.
La geste de services dédiés aux enfants est complexe. Fin novembre, YouTube a supprimé 150.000 vidéos polémiques concernant des enfants. L'application YouTube Kids, lancée par l'entreprise en 2015 pour proposer des contenus strictement réservés aux plus jeunes internautes, a échoué dans sa mission. Elle mettait en avant certaines vidéos revisitant des dessins animés populaires, pour y intégrer des éléments violents ou perturbants.
Jusqu'à présent, les tentatives de modération de Facebook, pour limiter le harcèlement ou les contenus violents sur sa plateforme, ont quant à elles eu un effet mitigé. Le réseau social a annoncé renflouer ses effectifs de modération. En tout, 7500 personnes devraient bientôt se consacrer à cette mission.
Source : Le Figaro