Enfant diabétique : repérer les signes précoces pour éviter un diagnostic trop tardif

jeu, 04/13/2017 - 10:50 -- siteadmin

Chaque année en France, près de 2300 enfants « deviennent » brutalement diabétiques de type 1 avant l’âge de 14 ans, dont la moitié arrive en urgence à l’hôpital. Il existe pourtant des symptômes qui peuvent être repérés.

Il est rare qu’un nouveau-né développe dès ses premières semaines de vie un diabète de type 1, c’est-à-dire un diabète insulino-dépendant nécessitant des injections quotidiennes d’insuline. En Europe, on estime que cela arrive moins d’une fois sur 300.000 naissances.

Néanmoins, chaque année en France, près de 2300 enfants «deviennent» brutalement diabétiques avant l’âge de 14 ans, selon une étude de Santé publique France, présentée lors du congrès annuel de la Société francophone de diabétologie. Et surtout, la moitié d’entre eux arrivent à l’hôpital en situation d’urgence, faute de diagnostic plus précoce, selon une enquête de l’association AJD (Aide aux jeunes diabétiques) réalisée en 2010 auprès de 150 services de pédiatrie.

Il existe pourtant des symptômes qui peuvent être repérés, notamment par les parents, avant d’en arriver là. Et peut-être d’éviter les décès qui surviennent encore chaque année (d’un à six par an!). Car, en réalité, la maladie a déjà commencé bien avant que l’état de santé de l’enfant ne s’aggrave subitement.

Pendant plusieurs mois ou années, son propre système immunitaire a attaqué, et détruit, sans que l’on sache très bien pourquoi, les cellules bêta du pancréas, qui fabriquent naturellement l’insuline. Une hormone dont notre corps a besoin, chaque jour pour faire entrer le sucre (glucide) de l’alimentation dans les cellules et stocker ce dont nous avons besoin tout au long de la journée.

Mais cette source d’énergie précieuse pour l’organisme ne doit pas rester trop longtemps en excès (hyperglycémie) dans la circulation sanguine, au risque d’abîmer notamment les artères, les nerfs et la rétine. Un risque que l’on retrouve aussi avec le diabète de type 2 (autrefois appelé diabète de la maturité), sauf que dans le type 2, l’insuline est présente dans l’organisme et l’hyperglycémie résulte d’une résistance à son action.

Dans le diabète de type 1, les injections pluriquotidiennes d’insuline sont vitales. Sinon, c’est l’acidocétose, le corps puisant dans les cellules adipeuses (graisse) pour trouver de l’énergie, d’où l’amaigrissement, puis le coma, voire la mort. Un symptôme bien connu de 95 % des médecins, selon une enquête de 2009 de l’AJD, réalisée auprès de 1 467 généralistes dans sept villes de France.

«Les médecins généralistes attachent beaucoup d’importance à la perte de poids dans le diagnostic du diabète de type 1, mais c’est un signe qui apparaît tardivement», faisait remarquer le président de l’AJD, le Pr Jean-Jacques Robert (hôpital Necker, APHP), qui intervenait au congrès de Lille. En revanche «ils ne sont que 17 % à penser au diabète de type 1 devant une dyspnée de l’enfant (respiration accélérée, NDLR), alors que c’est le signe d’une acidocétose sévère», regrettait-il.

Et si les médecins connaissent bien le premier signe de diabète de type 1 débutant qu’est la polyuro-polydipsie(uriner beaucoup, boire beaucoup), ce sont malheureusement les parents qui ne le connaissent pas. Rétrospectivement pourtant, après la découverte du diabète, neuf sur dix disent qu’ils l’avaient effectivement remarqué, sans comprendre ce qui était en train de se passer. En pratique, l’hyperglycémie entraîne une soif intense tandis que le sucre sanguin, éliminé par les reins, emporte avec lui plus de molécules d’eau, d’où la déshydratation qui intensifie la soif.

En cas d’énurésie (pipi au lit), il faut donc toujours se demander si ce n’est pas un diabète qui commence. Et cela, quel que soit l’âge. Selon l’enquête de l’AJD, un médecin généraliste sur quatre ignore en effet que le diabète de type 1 peut apparaître avant l’âge de 2 ans. C’est rare, mais il vaut mieux vérifier, d’autant qu’il suffit de tremper une bandelette dans les urines pour suspecter le diagnostic. «L’énurésie est un signe souvent présent, souligne le Pr Robert. De 25 % des cas pour les 10-15 ans à 70 % pour les moins de 5 ans.»

Autre piège qui complique le repérage précoce d’un diabète débutant, le fait que «dans neuf cas sur dix, il n’y a pas d’histoire familiale de diabète», remarque le Pr Robert. L’enfant est le premier cas dans la famille. Plus difficile alors d’évoquer le diagnostic de diabète quand personne d’autre n’en a.

En présentant l’étude de Santé publique France, qui montre une incidence (nouveaux cas) de 19,1 pour 100 .000 entre 6 mois et 14 ans (18,7 chez les filles, 19,6 chez les garçons), Clara Piffaretti a souligné l’augmentation de ce taux brut avec les classes d’âge: «On observe un taux qui va de 14,2, chez les 6 mois-4 ans, à 23,1 chez les 10-14 ans. Et l’augmentation de l’incidence, calculée entre 2010 et 2015 est de 3,7 % par an, quels que soient l’âge et le sexe.» Des chiffres conformes aux données européennes. «Par contre, nous n’avons pas retrouvé d’augmentation plus rapide de l’incidence dans la tranche 6 mois-4 ans», explique-t-elle.

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/enfant-diabetique-reperer-les-signes-precoces-pour-eviter-un-diagnostic-trop-tardif