Pretty, 18 mois, n’a pas pris le meilleur départ dans la vie. Elle était âgée d’environ deux semaines lorsqu’elle a été découverte dans la fosse d’une latrine du district de Mbeya, en Tanzanie. Mais, avec l’aide des différents services du système national de protection de l’enfance, Pretty a été placée dans une « famille compétente » et est aujourd’hui épanouie.
L’arrière-cour de la maison de Christer et Juma, dans le village de Muvwa, dans le district de Mbeya, est l’endroit où la famille se réunit pour préparer le dîner. Tandis que Juma allume un feu et que Christer coupe des épinards provenant de leur potager, leurs six enfants jouent avec des tambours improvisés avec Pretty(son nom a été modifié), une fillette de dix-huit mois dont les Mabuza ont la garde. En tant que « famille compétente », Christer et Juma Mabuza s’occupent d’enfants vulnérables pendant de courtes périodes jusqu’à ce que ceux-ci soient réinsérés dans leur famille d’origine. « Nous savons qu’il y a des enfants qui ont besoin d’aide. Quand nous avons entendu l’histoire de Pretty, nous nous sommes dit : ”Nous sommes prêts ! Les enfants ont le droit de survivre” », dit Juma.
Pretty, 18 mois, n’a pas pris le meilleur départ dans la vie. Elle était âgée d’environ deux semaines lorsqu’elle a été découverte dans la fosse d’une latrine d’un village voisin. Quand un homme l’a entendue crier, il a immédiatement demandé de l’aide à ses voisins ; ensemble ils ont démoli la latrine et secouru Pretty qui souffrait de malnutrition sévère et était couverte de cloques. Les habitants de la communauté ont alerté la police qui est arrivée sur place et a emmené Pretty au Service chargé de l’égalité des sexes et des enfants du district de Mbeya. Là, ils ont ouvert une enquête pour abandon d’enfant pour qu’elle puisse être envoyée à l’hôpital général de Mbeya afin d’y recevoir des soins d’urgence.
« Je n’étais pas de service ce soir-là mais j’ai été informée de la situation de l’enfant et j’ai immédiatement contacté l’agent du service d’aide sociale du district pour qu’il se rende le lendemain à l’hôpital et s’occupe de son cas », dit Pudensiana Simeo Baitu, fonctionnaire du Service chargé de l’égalité des sexes et des enfants du district de Mbeya. « Moi-même et l’agent du service d’aide sociale avons décidé de l’appeler “Pretty“ parce qu’elle était si gentille et si innocente. »
Une violence omniprésente mais invisible
Une enquête de 2009 sur la violence envers les enfants a permis de conclure que, en Tanzanie, près de 3 filles sur 10 et 1 garçon sur 7 sont victimes de violence sexuelle et que plus de 7 enfants sur 10 sont victimes de violences physiques avant d’atteindre l’âge de 18 ans. La plupart des enfants ne parlent jamais de ce qu’ils ont subi et un nombre relativement faible de cas est signalé à la police à cause de la stigmatisation et de la honte endurées, des pressions de la part de la famille et de la communauté ou de la menace de séparation familiale. À cela s’ajoute un faible niveau de confiance dans la police et les tribunaux pour rendre justice aux victimes. Par conséquent, peu de victimes reçoivent l’aide dont elles ont besoin pour surmonter leur situation et de nombreux auteurs de ces violences ne sont pas présentés devant la justice, restant libres de continuer à commettre ces délits contre les enfants.
Le service de police chargé de l’égalité des sexes et des enfants est l’une des unités spéciales mises en place au sein des commissariats pour que ceux-ci puissent s’occuper de tous les cas de violence sexiste et de sévices à enfants. Celui de Mbeya est l’un de ceux que la police tanzanienne a modernisé avec l’appui de l’UNICEF. Il est composé de fonctionnaires de police comme Pudensiana qui ont reçu une formation pour traiter les cas de sévices à enfants et de violence contre les femmes. « J’ai observé une augmentation du signalement du nombre de cas de sévices et de violence depuis que ce service a été mis en place », dit Pudensiana. « Les gens sont davantage désireux de les rapporter parce que je suis connue dans la communauté pour les activités de formation et de sensibilisation que je mène et ils viennent me voir en toute confiance. »
Les agents de ce service, comme Pudensiana, veillent à ce que les affaires de sévices à enfants et de violences contre les femmes soient traitées rapidement et que les victimes reçoivent le soutien médical et psychosocial dont elles ont besoin. Ils organisent aussi des séances de sensibilisation dans les écoles, pendant les réunions locales et dans les endroits où les gens se retrouvent pour se distraire, comme les restaurants et les bars. De nombreux cas sont portés à la connaissance des agents du service par les habitants de la communauté eux-mêmes mais aussi par les membres des Équipes chargées de la protection de l’enfance et par les Comités en faveur des enfants vulnérables qui mènent leur action au niveau de la communauté pour identifier les cas de violences et de sévices contre les femmes et les enfants et les signaler.
Une seconde chance dans la vie
Les parents de Pretty n’ont jamais été retrouvés et par conséquent son dossier a été confié au service d’aide sociale.
La fonctionnaire Annuciata Christian Rwechungura, a identifié les Mabuza comme étant compétente pour s’occuper de Pretty après sa sortie de l’hôpital. « Je connaissais Christer parce qu’elle a toujours participé à de nombreuses activités locales comme bénévole », dit Annuciata. « Christer et son mari s’occupent très bien de Pretty. Avant, elle tombait malade toutes les semaines mais aujourd’hui elle est en bonne santé et elle est si heureuse et si gaie chaque fois que je lui rends visite. »
Les familles compétentes sont choisies dans différentes communautés en fonction d’un ensemble de critères qui sont, entre autres : les capacités financières de la famille, l’état de la maison dans laquelle elle vit et ses motivations pour demander la garde d’un enfant. Chaque famille reçoit une aide du gouvernement sous forme de colis alimentaires et d’un peu d’argent pour couvrir l’essentiel des besoins de l’enfant.
Christer et Juma se sont tellement attachés à Pretty qu’ils ont l’intention de l’adopter. « La façon dont elle s’est retrouvée dans nos bras, c’était un signe de Dieu et nous avons l’impression qu’elle est avec nous en bien meilleure sécurité que n’importe où ailleurs. Nous aimerions la garder pour toujours », dit Juma. Avec l’aide d’Annuciata, ils se préparent à faire une demande d’adoption auprès des autorités locales.
L’histoire de Pretty est un exemple des efforts menés par le Gouvernement tanzanien pour mettre en place un système de protection de l’enfance qui puisse prévenir les cas de violence, de sévices, d’abandon et d’exploitation à l’encontre des enfants et y répondre. Elle montre comment les divers niveaux d’administration de différents secteurs peuvent s’associer pour assurer la sécurité et la protection d’enfants vulnérables.
Alors que la famille Mabuzase se prépare à passer à table, Pretty fait un caprice parce qu’elle ne veut pas être séparée de ses frères et sœurs adoptifs. Mais aussitôt que Christer la prend dans ses bras, elle s’arrête de pleurer et se calme avant de s’endormir. Berçant doucement sa fille dans ses bras, Christer pense avec gaité à son avenir : « Si Pretty continue de grandir comme il faut, alors elle pourra aller à l’école et faire des études… Peut-être pourra-t-elle devenir médecin. »
Source: UNICEF