Des produits chimiques suspectés de réduire la capacité respiratoire des enfants

mar, 02/12/2019 - 12:40 -- siteadmin

Une équipe internationale dévoile de premières pistes pour mieux comprendre comment notre santé peut pâtir des multiples produits auxquels nous sommes exposés avant la naissance et durant l’enfance.

Du ventre de leur mère jusqu’à leur mort, les hommes sont exposés à une multitude de substances. Quel impact ces dernières peuvent-elles avoir sur la santé, dès la petite enfance ou plus tard à l’âge adulte? Tel est l’enjeu des recherches sur «l’exposome», un concept né il y a une quinzaine d’années.

Aujourd’hui les études se multiplient. C’est ainsi qu’une équipe de chercheurs de l’INSERM, de l’université de Grenoble Alpes et du CNRS, et des scientifiques de l’Institut de santé globale de Barcelone (Espagne), montrent «que l’exposition prénatale et postnatale à différents polluants chimiques serait associée à une diminution de la fonction respiratoire des enfants».

Ces travaux, publiés dans la revue The Lancet Planetary Health, ont été réalisés dans le cadre du projet européen HELIX. Celui-ci cherche à prendre en compte tous les risques auxquels sont exposés les mères et les enfants et à mettre en relation cette exposition avec la santé, la croissance et le développement de l’enfant. «La grossesse et les premières années de vie sont reconnues pour être des périodes très sensibles aux facteurs environnementaux, dont les conséquences surviennent tout au long de la vie», précise le site du programme.

Biomarqueurs

Les chercheurs ont recueilli des données sur les expositions prénatales et postnatales liées à l’environnement extérieur (pollution de l’air par les particules fines, bruit…), à des contaminants chimiques (perturbateurs endocriniens, métaux, polluants organiques persistants…) et au style de vie (alimentation…) chez 1033 femmes enceintes et leurs enfants, dans six pays européens (Espagne, France, Grèce, Angleterre, Lituanie, Norvège). Ils avaient établi une liste de 85 variables d’exposition auxquelles les fœtus peuvent être confrontés et 125 autres après la naissance. La fonction respiratoire des enfants a été mesurée par spirométrie à 6 et 12 ans.

Conclusion des chercheurs: «Les femmes enceintes et les enfants étaient généralement exposés à des dizaines de substances chimiques à des niveaux variables. Ainsi, plus des deux tiers des biomarqueurs chimiques d’exposition avaient des niveaux détectables chez au moins 9 femmes ou 9 enfants sur 10».

Les chercheurs estiment que l’exposition prénatale à deux sortes de composés perfluorés (utilisés par exemple dans les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les emballages alimentaires...) était associée avec une diminution de la fonction respiratoire.

Associations

Du côté de l’exposition durant l’enfance, l’étude relie neuf types d’expositions à des problèmes respiratoires. La plus forte association concerne 5 métabolites de phtalates, dont le DEHP (Diethylhexyl phtalate) qui est aussi un perturbateur endocrinien reconnu, et le DINP (Diisononyl phtalate), tous deux étant utilisés comme plastifiants. Ils peuvent «être ingérés, inhalés ou absorbés par la peau», souligne le communiqué de l’Institut de santé globale de Barcelone. Parmi les autres substances fortement associées à une diminution de la fonction respiratoire des enfants, les chercheurs citent notamment l’éthyl-parabène (conservateur pour les cosmétiques).

«Ce que l’on voit, c’est que plus les enfants sont exposés, plus leurs fonctions respiratoires baissent,», souligne Valérie Siroux, chercheuse à l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm). Mais il faut rester prudent, ajoute-t-elle: «Il s’agit d’une «première étape de sélection» qui permet certes d’identifier des expositions suspectes, mais qui «nécessitent d’autres travaux plus spécifiques». Le chemin est encore long avant de pouvoir établir la responsabilité directe de l’un de ces polluants.

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/des-produits-chimiques-suspectes-de-reduire-la-capacite-respiratoire-des-enfants/