Un autiste doit être pris en charge le plus tôt possible, dans l’enseignement ordinaire ou spécialisé. Il lui arrive de faire des kilomètres pour trouver une école. Mais des problèmes surviennent parfois : un professeur dépassé, un programme inadapté ou encore une exclusion.
D’abord reconnu comme un handicap spécifique par la Communauté flamande en 1994, l’autisme l’est finalement par la Communauté française en 2004. Dès qu’un enfant est diagnostiqué, il faut intervenir. Mais face à l’absence d’encadrement, des associations comme « La Ligue des Droits de l’enfant » et « l’APEPA » ont proposé un « Plan autisme » en 2014. La scolarisation y est abordée. « L’autisme est vraiment un handicap très difficile à intégrer dans l’enseignement. Le Plan autisme a été présenté aux politiques avant les élections de 2014 », déclare Jean-Pierre Coenen, président de la Ligue des Droits de l’enfant. Deux ans plus tard, un Plan transversal autisme est présenté. Il promet notamment une amélioration des services d’accompagnement, dans le but d’avoir une meilleure intégration en enseignement ordinaire. Isabelle Resplendino, quant à elle, observe et attend. « Des écoles spécialisées en autisme se sont créées à Bruxelles et dans le Brabant wallon. Toutefois, il y a encore des carences en Belgique. Il reste toujours une mauvaise répartition géographique. Comme l’enseignement spécialisé, l’inclusion manque encore de moyens. Pour les enfants concernés, cela ne va pas encore assez vite. Même si nous avons des améliorations, elles ne sont pas encore suffisantes », précise l’administratrice de l’APEPA (l’Association de Parents pour l’Épanouissement des Personnes avec Autisme).
Des parents à bout
Une soixantaine d’établissements spécialisés dans l’autisme, ont été répertoriés par l’APEPA. À 4 ans, Margaux est allée dans l’une de ces écoles, les Capucines. Aucune ne se trouvait à Beauraing. «On devait faire 60 kilomètres par jour, pour s’y rendre», explique sa mère, Sophie. Avec Corentin, Isabelle Veryepe a le même problème. « On a fait le tour des écoles de Liège et de Huy. On a même essayé La Petite Source. Finalement, Corentin est allé à une école de Liège, Fontainebleau. C’était à 160 kilomètres de chez nous », se rappelle-t-elle. Désormais, il va à une école de type 8 de Hannut. Après un refus, la direction a accepté de le prendre en essai jusqu’au 20 avril. « Les professeurs doivent encore prendre une décision », continue Isabelle.
Jamais dans un « spécialisé »
Contrairement aux apparences, les autistes ont du potentiel. Âgé de 7 ans, Nathan a un QI plus élevé que des enfants de son âge. Depuis qu’il est déscolarisé, il progresse. « Il commence à parler. À la maison, il suit des cours de 2ème année de français, mais de 3ème année de mathématique. Après, il pourra recommencer dans une école ordinaire », détaille sa mère, Dominique. Cette dernière refuse de le mettre dans une école spécialisée. Nathan adore les sciences, elle le pousse plutôt dans cette voie. Marylène est confrontée au même dilemme. Âgé de 4 ans et demi, Noah est encore scolarisé dans une école classique. « Noah a besoin de contacts avec des enfants normaux. On va l’enfermer dans une catégorie, si on le met avec d’autres enfants porteurs d’un autre handicap », confie Marylène.
La déscolarisation, la dernière solution ?
À force d’essuyer des échecs, des mères deviennent les institutrices de leur enfant. Frédérique est l’une d’elles. « En 1ère année de primaire, Lehyan est resté dans la même école qu’en maternelle. Il a changé d’institutrice. Cette année-là, il a développé une phobie de l’école. Mon fils a le droit d’apprendre à lire, à écrire et à calculer », signale-t-elle. Pourtant, Frédérique voulait payer une formation à l’une des institutrices. « La direction a refusé parce qu’elle en avait une autre de prévu », se souvient-elle. De son côté, Heather désire retourner à l’école. « Ma fille n’a pas de déficience intellectuelle. Le spécialisé n’est pas adapté pour elle. Je cherche un enseignement ordinaire adapté à sa spécificité, avec des aides », admet Isabelle.
Une scolarisation à la hauteur ?
Environ 11 000 enfants autistes sont en âge d’être scolarisés. Par contre, seules 1300 places sont disponibles. D’après Isabelle Resplendino, les estimations des associations sont erronées. «Les 1300 places sont celles des classes à pédagogie adaptée, déclarées administrativement. Il y en a le double qui ne l’est pas, ce qui n’enlève rien à leur qualité. Des autistes se retrouvent aussi dans un enseignement ordinaire avec une intégration, dans un enseignement ordinaire avec une inclusion, …», insiste-t-elle. À l’École des 4 vents, Kathleen Kleinermann a six classes de l’enseignement secondaire spécialisé, à pédagogie adaptée. «Nous avons une liste d’attente pour la 1ère année», souligne-t-elle. Une cinquantaine d’élèves suivent un programme de forme 3. « On adapte des méthodes à nos jeunes. Dans les classes, il y a des horaires, des petits rituels. C’est dans la pratique quotidienne qu’on utilise la méthode TEACCH. Nous pratiquons également de l’intégration dans des écoles ordinaires », poursuit la coordinatrice. Aux Chardons, chaque suivi est individuel. L’un aura un programme ordinaire, l’autre aura celui avec la méthode TEACCH. « À certains, on apprend à calculer, à lire, à manger proprement et à être propre », ajoute Béatrice Barbier. En parallèle, l’école a des projets d’intégration dans une école de Lasne et dans quelques autres. « Des élèves sont intégrés dans l’enseignement ordinaire avec notre petite classe », conclut la directrice.
Des structures scolaires adéquates existent. Il suffit de choisir la « bonne ». Pour la coordinatrice de l’école Anne Misonne, Foulik de Meeûs, la déscolarisation est dramatique : « Les enfants ont besoin de socialisation. Une maman n’est pas censée jouer ce rôle ».
Source: Paris Match
https://parismatch.be/actualites/societe/33839/enfants-autistes-quete-de-lecole-parfaite