La dépression ne touche pas que les adultes, elle peut aussi concerner les adolescents et les enfants. Quels sont les signes et comment leur venir en aide ? Réponses.
La dépression est une maladie qui touche tous les âges, depuis l’enfance jusqu’à tard dans la vie. D’après l’Inserm, une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression. Et elle ne concerne pas que les adultes. La prévalence des troubles dépressifs est estimée entre 2,1 et 3,4 % chez l’enfant et à 14 % chez l’adolescent.
Plus le patient est jeune, plus le diagnostic est difficile. Et pour cause : chez les tout-petits, "les manifestations de la dépression varient en fonction du stade de développement, qui modifie les capacités d’introspection et de communication", informe l’Inserm.
Des symptômes différents selon l’âge
"Plus l’enfant est jeune, plus les symptômes sont physiques", informe dr. Stéphane Clerget*, pédopsychiatre. Les nourrissons peuvent subir de l’eczéma, des coliques, ou encore une mauvaise prise de poids. "De trois à six ans, l’enfant peut aussi manifester des maux de ventre, de l’énurésie s’il était propre avant, des pleurs, des troubles du sommeil, une baisse d'appétit", ajoute le spécialiste.
L’enfant âgé de plus de six ans peut être concerné par des signes de la dépression plus seulement physiques, mais aussi psychiques :
agitation
troubles du sommeil
régression dans les acquisitions
irritabilité
retard de croissance
troubles de l’appétit
mésestime de soi ("je suis nul", "je ne vaux rien"...)
troubles anxieux divers
"Chez l’adolescent, la tristesse est exprimée et la maladie ressemble plus à la dépression de l’adulte", explique dr. Stéphane Clerget, ajoutant qu’il peut souffrir en plus de troubles du comportement. Voici les signes principaux :
perte de motivation
agitation
conduites à risque (prise de drogues ou d’alcool, par exemple)
agressivité
obésité
conduite anorexique
tristesse
perte d'intérêt
idées suicidaires
fatigue
difficultés de concentration
tristesse
sentiment de dévalorisation
Les causes de la dépression de l’enfant et de l’ado
"Plus l’enfant est jeune, plus il est sensible à son environnement", indique le médecin. Par exemple, un enfant peut manifester des signes de dépression si un adulte proche de lui en souffre. Il peut aussi s’agir "d’une réponse insuffisante à un besoin élémentaire comme le manque de sommeil, d’affection, ou d’alimentation".
Plus l’enfant grandit, plus "il faut rechercher dans l’environnement des facteurs de stress à répétition", explique le spécialiste. La cause peut être le harcèlement scolaire, la mise à l’écart mais aussi le décès d’un proche. "La dépression peut aussi être liée à des facteurs endogènes, c’est-à-dire sans facteur déclenchant", rappelle le spécialiste.
Chez l’adolescent, la cause principale de la dépression est la perte : un parent malade, un divorce, un parent absent physiquement ou psychologiquement, un décès, une rupture sentimentale… Le harcèlement scolaire peut également être mis en cause. "À l’adolescence, la perte symbolique de son corps d’enfant pour aussi jouer un rôle. C’est un tel changement pour l’ado qu'il peut être touché par la dépression",explique également dr. Stéphane Clerget.
Comment venir en aide à notre enfant ?
"La dépression chez l’enfant est affaire de spécialiste", avertit le pédopsychiatre. En effet, il faut d’abord diagnostiquer la dépression, pour cela, dès les premiers symptômes, il est conseillé d’emmener rapidement son enfant chez le médecin de famille. "Cela peut être une urgence, il peut y avoir un risque suicidaire chez l’ado et un retard de croissance chez l’enfant", ajoute-t-il. Le médecin pourra alors rediriger l’enfant vers un pédopsychiatre.
En parallèle, le parent a aussi un rôle à jouer. Il faut être à l’écoute, essayer de repérer l'éventuelle cause de l’état dépressif et rétablir le problème quand c’est possible, comme le manque de sommeil chez les plus jeunes, ou encore aborder le sujet du deuil. Par ailleurs, on n’interdit pas son enfant à exprimer son mal-être. Au contraire, il est conseillé de l’aider à s’exprimer par la parole ou le dessin.
Le pédopsychiatre ajoute : "je conseille aussi de lever le pied, de ne pas le disputer même si l’ado est agressif et irritable, de ne pas crier, et le mettre en repos voire en arrêt. La dépression est bien plus grave qu’une grippe, alors il ne faut pas hésiter à le laisser se reposer".
Source : Femme Actuelle