L’intensification des conflits et la sécheresse persistante dans plusieurs régions du monde ont fait grimper à 124 millions le nombre de personnes endurant des niveaux élevés d’insécurité alimentaire à la fin 2017, avertit l’ONU dans un nouveau rapport publié jeudi à Rome (Italie).
Il s’agit d’une augmentation de 15%, soit 11 millions de plus que l’année précédente, d’après le Rapport mondial sur les crises alimentaires.
Au premier rang des pays touchés par une situation de faim « aiguë », figurent des pays engagés dans des conflits ou en situation de « grave insécurité », comme « le Yémen, le nord du Nigéria, la RD Congo, le Soudan du Sud et le Myanmar », souligne le « rapport mondial sur les crises alimentaires 2018 » publié jeudi par l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM).
« La triste situation révélée par ce rapport mondial montre le besoin urgent d’actions simultanées pour sauver des vies, améliorer les moyens d’existence et s’attaquer aux causes profondes des crises alimentaires », note le document.
« Les rapports comme celui-ci nous fournissent les données et les analyses essentielles pour mieux appréhender le défi. Il nous appartient maintenant de prendre les mesures pour répondre aux besoins de ceux qui affrontent le fléau quotidien de la faim et pour nous attaquer à ses causes profondes », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message vidéo.
La plus grande crise alimentaire au Yémen
« Les conflits, les catastrophes climatiques et d’autres facteurs contribuent souvent à des crises complexes qui ont des conséquences dévastatrices et durables sur les moyens d’existence des populations », avance l’ONU.
Les catastrophes climatiques - principalement la sécheresse - ont également été les principaux déclencheurs de crises alimentaires dans 23 pays, dont les deux tiers en Afrique, et ont plongé quelque 39 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire aiguë. Sur le continent africain d’ailleurs, l’impact de la sécheresse sur les cultures vivrières et le bétail augmentera aussi l’insécurité alimentaire dans les zones pastorales de la Somalie, le sud-est de l’Ethiopie, l’est du Kenya, ainsi que les pays d’Afrique de l’ouest et du Sahel, tels le Sénégal, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie, et le Burkina Faso. Seul répit, en Afrique australe, une amélioration est prévue grâce à l’augmentation de la production céréalière en 2017 et à la baisse des prix des denrées alimentaires.
Les conflits resteront probablement en 2018 un des principaux facteurs de crise alimentaire, touchant l’Afghanistan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le nord-est du Nigéria et la région du lac Tchad, le Soudan du Sud, la Syrie et le Yémen ainsi que la Libye et le Sahel central (Mali et Niger), selon le rapport. Selon le document, le Yémen continuera d’être « le pays confronté à la plus grande crise alimentaire au niveau mondial ». La situation devrait même « se détériorer » en raison «de l’accès restreint, de l’effondrement économique et des épidémies ».
« Les crises alimentaires vont probablement devenir plus aiguës, persistantes et complexes compte tenu des tendances actuelles et de leurs causes profondes, avec des effets dévastateurs sur la vie de millions de personnes », a souligné Neven Mimica, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement.
C’est la raison pour laquelle, la FAO entend investir dans la sécurité alimentaire et les moyens d’existence lors des situations de conflit. « Cela sauve des vies, renforce la résilience et peut également contribuer au maintien de la paix », a ajouté le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.
Pour sa part, le Directeur exécutif du PAM, David Beasley, plaide pour la fin des combats et pour que le monde se rassemble pour éviter ces crises qui se produisent souvent sous nos yeux.
Source : UN
https://news.un.org/fr/story/2018/03/1009251