La recherche a montré que plus un enfant reçoit de messages banalisant ou valorisant la consommation des boissons alcooliques, plus il sera susceptible d’en consommer tôt et/ou de manière intensive plus tard.
En France, il est un produit destiné aux adultes dont les enfants découvrent très tôt l’existence: le vin. Ce breuvage accompagne les repas de nombreuses familles et participe à la plupart des festivités. Nous en buvons en moyenne 74 bouteilles par an et par habitant et il représente 58 % de notre consommation d’alcool.
C’est donc largement à travers lui que nos enfants découvrent ce qu’est l’alcool. Ils nous observent lorsque nous en consommons et, plus largement, analysent les messages qui leur proviennent de leur environnement (télévision, radio, publicité…) à propos du vin. Or la recherche a montré que plus un enfant reçoit de messages banalisant ou valorisant la consommation des boissons alcooliques, plus il sera susceptible d’en consommer tôt et/ou de manière intensive plus tard. Il est par conséquent important pour les parents de mettre des mots sur ce que leur enfant perçoit, en prenant soin de lui transmettre un message de prévention adapté.
Quelques règles de base
Il n’y a pas d’âge minimum pour commencer à parler de vin avec un enfant. Même un tout-petit est capable de comprendre quelques messages basiques.
1. Ayez un discours adapté à son âge et à son niveau de maturité.
2. Écoutez-le. Commencez la conversation en interrogeant votre enfant, pour savoir ce qu’il sait et pense. Que font les grands lorsqu’ils boivent du vin? Est-ce qu’il trouve cela bien? Ses réponses pourraient vous surprendre.
3. Ayez une approche équilibrée. N’exagérez pas la dangerosité du vin, ne banalisez pas sa consommation.
4. N’en faites pas l’éloge. Inutile de lui en vanter le goût. Dites-lui que certaines personnes aiment en boire, d’autres pas.
5. Saisissez chaque occasion. L’idéal pour ouvrir la conversation est de profiter d’une situation qui se présente. Un membre de la famille a un peu trop bu la veille? Il a croisé une personne ivre dans le métro? Proposez-lui d’en discuter.
6. Analysez votre propre ressenti. Il peut être délicat d’aborder le sujet du vin avec son enfant, notamment si vous avez grandi avec un parent malade alcoolique ou si vous-même rencontrez des difficultés. N’hésitez pas à contacter un professionnel, qui vous aidera à faire le point et vous conseillera.
7. Faites preuve de rigueur et ne transmettez que des informations scientifiquement exactes. Méfiez-vous des clichés autour du vin: non, celui-ci n’est pas «bon pour la santé»! Renseignez-vous auprès de sources fiables, autorités de santé ou associations reconnues.
Concrètement, que dire?
Certaines informations doivent être données à votre enfant, selon son âge et les questions qu’il se pose.
1. Le vin est un alcool comme les autres, ce qui le rend dangereux.
2. Le vin rend ivre, car l’alcool est un «psychotrope» qui altère le fonctionnement du cerveau. Les adultes en boivent pour le goût, par plaisir ou pour chercher l’ivresse. Boire un verre procure en général aux adultes une sensation de bien-être. S’ils en prennent plusieurs, ils deviennent progressivement ivres. Ils pourraient alors avoir un comportement inapproprié ou dangereux.
3. L’alcool contenu dans le vin est une drogue. Le vin peut entraîner une addiction très forte. L’alcoolisme est une maladie du cerveau. Si un membre de sa famille en souffre, expliquez-lui que cette personne est malade, qu’elle a perdu la liberté de s’abstenir de consommer. Des docteurs et des associations peuvent l’aider.
4. Le vin est mauvais pour la santé. L’alcool qu’il contient est mauvais pour le foie, le cœur, le cerveau et d’autres organes. Une personne qui en boit régulièrement, même à raison d’un simple verre par jour, augmente son risque de développer certaines maladies comme le cancer.
5. Un adulte peut boire un peu de vin de temps en temps sans danger. S’il respecte les repères des autorités de santé (pas plus de deux verres d’alcool par jour, et pas tous les jours), il ne prend pas trop de risques. Dans certaines situations, il ne faut pas boire du tout d’alcool, par exemple durant la grossesse. Ne vous contentez surtout pas de dire à votre enfant qu’il faut boire «avec modération»: cette notion ne veut rien dire si elle n’est pas quantifiée précisément.
6. Un enfant ne devrait pas boire de vin, même pour goûter. Son foie et son cerveau étant encore immatures, l’alcool pourrait les endommager. Et cela augmenterait le risque qu’il développe une addiction à l’alcool au cours de sa vie.
7. Un adolescent non plus ne devrait pas boire de vin. L’alcool est particulièrement dangereux pour son cerveau, plus vulnérable que celui d’un adulte puisque le cerveau n’achève sa croissance qu’aux alentours de 25 ans. Certains jeunes boivent de l’alcool, mais lorsque votre enfant sera lui-même ado, il ne sera pas obligé de le faire. Le moment venu, vous serez là pour en parler avec lui, et l’aider à faire ses choix.
À la maison, vous ne buvez pas de vin mais plutôt de la bière, du rhum, ou du mojito? Utilisez la même approche. L’important, c’est de l’informer sur l’alcool qu’ils contiennent. Cet alcool, c’est toujours le même. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait la prévention!
Source: Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/comment-parler-de-vin-avec-un-enfant/