Au fur et à mesure de son développement, l'enfant de la première enfance à la seconde enfance, voire la préadolescence est souvent confronté à des émotions parasites qui l'envahissent.
Il connait au cours de sa vie quand il est enfant, différents stades de développement, et fait face à de nombreuses émotions qui se manifestent dans des situations bien précises.
Dans bien des cas ces émotions, sont certes passagères, mais quand elles sont récurrentes et deviennent le seul moyen d'expression, cela peut mettre un frein considérable dans sa "qualité" de vie, dans son quotidien et aussi dans la qualité de vie de ceux ou celles qui l'entourent (parents, amis, personnel de l'école, enseignants).
Nous parlerons aujourd'hui, d'une émotion forte, la colère. Quand elle est passagère et que l'enfant arrive à bien la vivre, l'enfant et son entourage peuvent l'assumer, mais parfois, cette colère est une tempête, voire un torrent tumultueux qui bloque et empêche l'enfant d'avancer. Le rendant hermétique à tout, cet enfant devient prisonnier de sa colère, il ne sait comment l'extérioriser, alors il va la déverser sur ceux qui sont le plus proches... en conséquence de quoi, la "punition" intervient enfermant encore plus l'enfant dans la frustration première, qui en fait est la principale cause de la colère. Cercle vicieux!
On dit souvent à son enfant "arrêtes tu veux bien, calmes toi", on le gronde souvent, mais la colère ne finit jamais et c'est le parent qui finit par lâcher prise, de guerre lasse, subissant à son tour le diktat de la colère de son enfant. Certains enfants surtout ceux de la première enfance, sont dans l'extrême, se roulent par terre, se tape la tête contre le mur, frappent leurs parents, se font pipi de dessus, car leur colère est tellement forte, que rien ne peut l'arrêter. En seconde enfance, on aura droit à des "non", des réponses contradictoires contre le parent, des blocages au niveau de l'apprentissage, des conduites addictives. Soit on se réfugie dans la nourriture ou les jeux vidéo, soit on répond mal, soit on fait exactement le contraire de ce qu'on devrait faire, même si on sait qu'on doit pas.
Je suis très souvent approchée par des mamans, ou des personnes issues du milieu de l'enseignement, qui sont littéralement, "désarçonnées" face à certaines "crises" car la colère est une émotion assez prenante et l'enfant la vit dans ses tripes, et elle est le reflet d'une profonde frustration et d'un mal être et si on ne la canalise pas, alors on peut en devenir "prisonnier" ( ceci vaut pour l'adulte aussi).
Quand les stades de développement de l'enfant influent sur le comportement colérique
La première enfance, entre 2 et 6 ans, l'enfant a tendance à tester ses limites et à s'opposer à ses parents: c'est la période du NON. Les émotions de colère et de frustration sont présentes dans cette période avec parfois une difficulté à les exprimer notamment lorsque l'enfant ne parle pas encore (on parle ici par exemple de l'hyper excitation, ou des caprices), deux protocoles que l'on propose en Sophrologie et où l'on retrouve beaucoup de colère et que l'on peut recadrer par la thérapie brève.
La 2e enfance et la préadolescence entre 6-10 ans, l'enfant vit beaucoup de transformations physiques et est souvent confronté au stress de l'apprentissage scolaires, ses exigences et il est souvent dans la solitude de la punition. Il est puni "parce qu'il n'y arrive pas" et quand il n'arrive pas à intégrer l'apprentissage, alors il arrête tout simplement d'essayer persuadé qu'il n'en a pas les compétences. Il est aussi confronté avec la prise de conscience qu'il peut ne pas y arriver et il en a peur: la peur de ne pas y arriver, de ne pas être capable vont le propulser directement avec la problématique de la confiance en soi. Des conséquences en tiroir, qui l'affectent beaucoup, surtout s'il n'en parle pas, de peur de contrarier le parent ou parce qu'il est dans le déni. À cette période, la prise de conscience de la mort, de la maladie, des choses éphémères viennent aussi alimenter son manque de confiance. Si l'enfant n'est pas recadré à temps, il sombrera lentement dans le manque d'estime de soi -"je suis nul, je suis pas cap"- voire la dépression!
Pendant l'adolescence, un autre mal être peut s'installer chez l'enfant du fait des nombreux changements qui impactent sa vie (puberté, collège, changements au sein de la famille...). La peur de l'échec, des examens mais aussi du regard/jugement des autres peut s'installer durant cette période. Certains adolescents peuvent aussi vivre de la colère, de la frustration, de la tristesse... dans des intensités variables.
Comment accompagner nos enfants dans la gestion de leurs émotions
En tant que technique brève et psychocorporelle, la Sophrologie va travailler sur plusieurs points: le corps, la respiration et la visualisation mentale positive pour replacer l'enfant dans des scénarios où il est en contrôle de ses émotions.
La Sophrologie va aider l'enfant d'abord à identifier les causes et la nature de ses émotions négatives et comment son corps réagit sur le plan physique (sensations corporelles). Beaucoup d'enfants ont la boule au ventre ou dans la gorge et développent même des tensions musculaires dans les trapèzes. Les exercices seront alors concentrés sur la région du dos des épaules et du thorax pour relâcher les membres supérieurs et surtout aérer la zone avec des exercices de respiration haute et thoracique pour ouvrir le "thorax" et améliorer le volume de la respiration. Il est crucial que l'enfant apprenne à identifier les ressentis corporels de ses émotions. Plus il pourra anticiper la survenue d'une émotion et plus il pourra la maitriser ou en tout cas amoindrir son intensité.
Lorsque l'émotion est identifiée l'enfant la verbalise et la comprend. Cette étape permet déjà de jouer sur l'intensité de l'émotion.
Il est important que l'enfant comprenne que les émotions sont une expression du corps, du cœur et de la tête, c'est un message qu'il doit apprendre à écouter, qui lui envoie des signaux pour faire plus ou pour faire moins et essayer de comprendre pourquoi elle intervient à un moment donné.
Ici l'intégration du schéma corporel, la prise de conscience de sa corporalité mais aussi de sa place dans l'univers est cruciale. Il est dans un espace donné et cet espace à des limites, tout comme l'expression de son émotion de colère qui doit être quantifier.
Derrière chaque émotion désagréable il y a un besoin non satisfait qu'il est important d'identifier. L'enfant pourra ainsi cheminer vers une meilleure connaissance de lui-même ce qui contribue à renforcer l'estime de soi et la confiance en soi.
La sophrologie est participative, elle permet à l'enfant d'acquérir une autonomie d'outils qui lui permettront d'abaisser l'intensité de ses émotions parasites pour éviter d'être submergé (outils de respiration, exercices pour évacuer le trop plein et le remplir des bonnes choses comme le calme la confiance l'estime de soi, et des visualisations où il est projeté dans son histoire mais où il va tirer des apprentissages positifs de comment il doit réagir sans colère à un moment donné ou en tout cas apprendre à la dompter pour ne pas nuire à son bienêtre et à ceux des autres...).
L'enfant de lui-même, mettra en place des comportements adaptés à une situation donnée et fera des choix plus opportuns à l'avenir.
Voici trois exercices
1er exercice :
Pompage des épaules:
jeter la colère loin de soi (respiration en apnée, en inspire on bloque la respiration durant l'exercicie et on souffle pour reprendre la respiration en fin d'exercice)
- prendre une feuille de papier
- faire une grosse boule avec la feuille (cette boule représente la colère)
- prendre la boule de papier dans la main droite et la main gauche les deux poings fermés
- inspirer par le nez, bloquer la respiration
- faire des mouvements de pompage en haussant et baissant les épaules de façon saccadée, comme s'il pompe toute la colère en lui, puis soufflez fortement pour évacuer la colère de sa bouche et lâcher la boule de colère qui tombe au sol
- faire 3 enchainements de suite avec des temps de pause pour reprendre une respiration naturelle et écouter ses ressentis dans le corps, la tête et le coeur
Cette technique relâche et détend les tensions, n'hésitez pas à recommencer jusqu'à ce que votre enfant soit totalement détendu, que la colère est partie.
2ème exercice :
Eclater la colère en frappant des mains
(respiration libre)
Se calmer en frappant l'émotion: on imagine qu'entre les paumes, il y a la colère qu'on va écraser. Frapper dans les mains.
- c'est très important de trouver du mouvement quand les enfants sont énervés.
- demandez-lui de frapper très fort dans ses mains en pensant à sa colère
- dite stop pour arrêter
3ème exercice :
On va installer le calme
Détente du corps par le toucher:
Quand l'enfant frotte ses mains, il va ressentir de la chaleur et cette chaleur va l'aider à détendre tout son corps. Cet exercice permet de se recentrer sur sa sensation pour être plus concentré, plus détendu.
- proposez à l'enfant de frotter ses mains très fortes
- quand la chaleur arrive
- il doit mettre ses mains sur sa tête
- soufflez et relâchez les mains le long du corps tout doucement
- recommencez à nouveau en changeant à chaque fois la partie de votre corps ou vous allez poser vos mains après les avoirs frottés (tête, visage, épaule, ventre, dos, jambe et pieds)
4ème exercice :
Soufflez fortement "on évacue" ici la colère
(en sophrologie la respiration abdominale et haute sont très souvent utilisées pour évacuer les émotions et les tensions parasites)
Souffler fortement comme sur un bol de soupe ou sur un gâteau d'anniversaire ou pour faire partir un nuage gris.
Vous aurez besoin ici d'un bol chaud.
Cet exercice permet d'apprendre à l'enfant de bien respirer, car la respiration est la base de la détente.
- proposez des images virtuelles permet de les aider à comprendre ce que vous leur demander.
- demandez lui de bien respirer en imaginant qu'il a dans ses mains un bol de soupe chaude
- demandez s'il l'a dans ses mains
- dites-lui qu'il est trop chaud, qu'il faut souffler dessus
- expliquez lui que quand il va souffler, c'est là qu'il va se détendre
- respirez par le nez, puis soufflez sur le bol chaud pour le refroidir
- refaire l'exercice plusieurs fois en lui demandant si son bol à bien refroidi
- recommencer plusieurs fois
5ème exercice :
En position couchée sur un tapis ou un lit
La respiration abdominale avec la boule d'émotion: prendre une boule de papier froissée c'est la colère.
Les enfants doivent être détendus.
Pour apprendre à l'enfant à se détendre la position couchée aide et lui permet de voir comment bien respirer.
- position allongée- aidez l'enfant à détendre ses jambes et les écartées légèrement
le corps bien aligné
- proposez à l'enfant d'observer comment ça se passe au niveau de la respiration, au niveau du ventre pour expirer, il va gonfler son ventre comme un ballon pour inspirer, il va relâcher son ventre et vider l'air de son ventre
- prendre la feuille de papier en forme de boule (la boule d'émotion). Dites-lui que cette boule peut être appelée boule boule de colère ou boule de tristesse ou frustration...
- demandez à l'enfant quelle émotion la boule représente-t-elle pour lui
- placez la boule de papier sur le ventre, au niveau du nombril,
l'enfant ne doit pas la faire tomber ( cela va l'oblige à se concentrer et à ne pas se relâcher si trop nerveux ou actif)
- faites-lui remarquer que la boule monte quand il va inspirer et que la boule descend quand il va expirer
- aidez-le en montant et descendant votre doigt
- demandez-lui de fermer les yeux en lui parlant de la plage, des choses qu'il adore
- Il peut rester autant de temps qu'il le souhaite et n'hésitez pas à le faire au moment de la sieste ou avant de le faire coucher le soir
- enlevez la boule d'émotion une fois l'enfant détendu
Bien sûr, il est recommandé de faire accompagner l'enfant par un thérapeute certifiée RNCP pour avoir des résultats dans la durée.
Source : HuffPost