Comment encourager la générosité et l’altruisme chez un enfant ?

ven, 09/08/2017 - 19:18 -- siteadmin

Donner ses jouets ou penser à l’autre n’a rien d’évident pour un enfant. La générosité et l’altruisme sont des qualités qu’il faut apprendre à développer.

Entretien avec Geneviève De Taisne, psychanalyste , à l’occasion de la journée de la charité, mardi 5 septembre.

La Croix : La générosité et l’altruisme sont-ils des comportements naturels, spontanés, chez l’enfant ?

Geneviève de Taisne : Non, ce ne sont pas des comportements spontanés et c’est tout à fait normal car l’enfant a besoin de prendre pour se construire. Lorsqu’il arrive au monde, il est décentré, morcelé, parce qu’il n’a pas une conscience unifiée de son corps. Il doit donc prendre ce dont il a besoin pour ressentir qui il est et savoir ce dont il a envie. Ce mouvement naturel est une étape essentielle dans sa construction psychique.

Vers l’âge de trois ans, il doit également apprendre la vie en société. En même temps qu’il prend conscience de son individualité, il découvre aussi que les autres existent et qu’ils ont des besoins différents. Il intègre le fait que la vie sociale est fondée sur l’échange : je reçois, mais je donne aussi. Et c’est en ayant ce qui lui faut, qu’il pourra développer une véritable générosité fondée sur l’envie de donner.

Il n’est donc pas souhaitable de forcer un enfant à donner ses jouets ou le gronder s’il ne veut pas le faire ?

G. de T. : La générosité est un « surplus », surtout chez l’enfant. Il donne parce qu’il en a envie. Si on l’oblige, il aura plutôt tendance à accaparer. Pour certains les doudous ou les jouets sont une partie d’eux-mêmes et il leur est difficile de s’en séparer. Il peut y avoir une certaine violence dans l’apprentissage de la générosité. Pour que cela se passe bien, il faut une réciprocité car les enfants sont très sensibles à l’injustice.

L’injustice, ils la voient aussi dans la rue, avec les SDF. Comment réagir si un enfant veut donner de l’argent à tous ceux qu’il croise ?

G. de T. : : Si certains enfants ont du mal à partager, d’autres sont en effet très généreux et il faut leur apprendre à garder pour eux. Ce sont souvent des enfants qui veulent d’abord faire plaisir aux autres et c’est aux parents d’équilibrer ce tempérament. Dans la religion catholique, on dit qu’il faut aimer les autres comme soi-même, mais on oublie souvent qu’il faut commencer par s’aimer soi.

À un enfant qui veut donner à tous les SDF, il faut expliquer, même si c’est compliqué, qu’on doit faire un choix et qu’on ne peut pas pallier la misère de tous. On peut lui dire qu’un jour il pourra partager son argent de poche ou son pain au chocolat, s’il le souhaite, mais il faut que son geste soit spontané.

L’enfant aura tendance à se calquer sur les modèles autour de lui. Si son entourage est généreux, alors il le sera quand il le pourra. En attendant, s’il est élevé dans la foi, il peut aussi prier pour ceux qui sont à la rue. En mettant la prière au centre de la vie, il comprend qu’il peut agir en priant et en donnant. L’essentiel est que son geste ou son ou intention restent libres. N’oublions pas qu’un enfant a besoin d’insouciance pour grandir, avant de devoir affronter les misères de la vie.

Source : La Croix

http://www.la-croix.com/Famille/Enfants/Comment-encourager-generosite-laltruisme-chez-enfant-2017-09-05-1200874484