Une mutation génétique touchant les muscles respiratoires pourrait être mise en cause dans certains de ces décès brutaux dont l’origine reste encore mal connue.
Avec 250 décès par an, la mort subite du nourrisson est la troisième cause de décès des enfants de moins d’un an en France, après les infections et les malformations congénitales. L’origine de ce syndrome, qui touche le plus souvent des petits garçons, est encore mal comprise. Pourrait-elle être en partie génétique? C’est en tout cas ce que suggère une importante étude publiée le 28 mars dans la revue médicale The Lancet. Selon ses auteurs, il pourrait exister un lien entre des cas de mort subite du nourrisson et une mutation génétique rare, affectant le fonctionnement des muscles respiratoires.
Pour mener à bien ce travail, les chercheurs ont comparé la fréquence de cette mutation génétique chez 278 nourrissons décédés d’un syndrome de mort subite à celle de 729 adultes en bonne santé. Ils ont alors découvert que 4 enfants décédés possédaient effectivement cette mutation génétique. Une proportion à première vue dérisoire, qui s’avère ne pas être anodine si l’on considère que moins de 5 personnes sur 100.000 sont affectées par cette mutation génétique rare. Si l’on extrapole les résultats obtenus chez les 278 nourrissons, on obtient donc une fréquence de 1400 enfants décédés et porteurs de la mutation sur 100.000! Par ailleurs, aucun des 729 adultes examinés n’avait cette mutation.
Faiblesse des muscles respiratoires
«Notre étude est la première à associer la mort subite du nourrisson à une faiblesse des muscles respiratoires dont la cause est génétique. Cependant, d’autres recherches seront nécessaires pour confirmer et comprendre ce lien», a indiqué l’un des auteurs de l’étude, le Pr Michael Hanna, cité par The Lancet. Pour autant, même si ce lien était avéré, il n’expliquerait pas à lui seul la survenue de ces drames, précisent les chercheurs. D’où l’importance de respecter les préconisations destinées à prévenir les morts subites du nourrisson: coucher les bébés sur le dos et éviter de les faire dormir dans le lit des parents.
La mort subite du nourrisson (désormais appelée «mort inattendue du nourrisson») est le décès brutal et inattendu d’un enfant de moins de 2 ans - souvent de moins de 6 mois - pour lequel on ne retrouve pas de cause identifiée. Dans les pays développés, le nombre de cas a spectaculairement baissé depuis la fin des années 1990, lorsque les autorités sanitaires ont préconisé de faire dormir les bébés sur le dos et non sur le ventre ou sur le côté. Selon des chiffres officiels publiés début janvier aux Etats-Unis, quelque 3.500 nouveau-nés meurent chaque année dans leur sommeil dans ce pays de 320 millions d’habitants. Les morts subites du nourrisson sont estimées à environ 300 par an en Grande-Bretagne et 250 en France.
Source : Le Figaro