Cancers pédiatriques : «il ne faut pas que les enfants soient oubliés des recherches»

mar, 09/18/2018 - 11:27 -- siteadmin

En France, les cancers touchent 1 enfant sur 440. Pour soutenir la recherche, Patricia Blanc a fondé l’association Imagine for Margo.

Les cancers des enfants et adolescents représentent entre 1 et 2% de l’ensemble des cancers. Bien différents de ceux qui affectent les adultes, ils ont leurs spécificités propres. Cependant, leurs causes sont encore mal connues. Et bien qu’on en guérisse environ 80%, certaines tumeurs restent incurables et les traitements peuvent laisser des séquelles à vie. Avec son association Imagine for Margo, Patricia Blanc soutient la recherche pour «éviter que les enfants ne soient oubliés». Dans le cadre de «septembre en or», mois de mobilisation contre le cancer des enfants, de nombreux événements sont organisés dans la capitale, dont l’ascension de le tour Montparnasse baptisée TheTowerRun le samedi 15 septembre, et la course caritative «Enfants sans cancer» le 30 septembre.

LE FIGARO. - Pourquoi avoir choisi de soutenir la cause des cancers pédiatriques?

Patricia BLANC.- Ma fille a été diagnostiquée d’un cancer à l’âge de 13 ans, d’une tumeur au cerveau incurable. Son combat a duré 16 mois, elle est décédée en 2010. Pendant ces longs mois, mon mari et moi avons passé des journées entières à chercher des moyens de la guérir, à fouiller les médicaments nouveaux, les thérapies innovantes. On s’est aperçu qu’en Europe, il existe très peu d’essais cliniques destinés aux enfants. La plupart du temps, ils ne sont ouverts qu’à des patients âgés d’au moins 18 ans. Et les médicaments donnés à des enfants comme Margo sont souvent adaptés de médicaments pour adultes. Ça nous a vraiment interloqué. Comment peut-on, de nos jours, ne pas avoir de solutions thérapeutiques adaptées?

Cela a-t-il été une surprise de découvrir l’ampleur du phénomène?

On ne pensait pas que le cancer était la première cause de mortalité par maladie chez les enfants et les adolescents. Tous les ans, 2.500 enfants sont diagnostiqués d’un cancer en France, et 500 en meurent. Certes, on en guérit 80% mais il faut les traiter mieux, les guérir mieux. Les traitements laissent des séquelles, et un enfant sur 5 ne guérit pas de sa tumeur. Il existe certaines tumeurs cérébrales qu’on ne sait pas du tout guérir. L’origine de notre combat vient de ce constat. Il faut absolument donner à ces enfants l’accès à des traitements nouveaux.

Comment se déroule la recherche pour les cancers pédiatriques?

Pendant de longues années, les laboratoires pharmaceutiques ont surtout investi chez l’adulte. Ils développent des molécules pour les cancers du poumon ou du sein, qui n’existent pas chez l’enfant. Cela vient d’un souci financier: chez l’enfant, il existe près de 60 types de tumeurs différentes. Développer des médicaments pour chacune d’entre elles, alors que les enfants ne représentent qu’un nombre faible de cas… Cela coûte très cher. Le choix est donc vite fait, et les laboratoires préfèrent se concentrer sur les adultes. Mais il ne faut pas que les enfants soient oubliés de ces recherches. Heureusement, cela commence à se faire. Certains ont ouvert leurs essais à partir de 12 ans.

Quelles sont les pistes explorées par la recherche?

La première, c’est de mieux comprendre les tumeurs. En regardant la biologie des tumeurs, on voit bien qu’il y a des spécificités chez les enfants. Ce ne sont pas des adultes en miniature, leurs tumeurs sont différentes. Nous avons développé des programmes qui permettent aux enfants avec des tumeurs graves ou en rechute de faire une biopsie et une analyse moléculaire de sa tumeur, pour mieux la connaître et adapter les traitements.

Et ensuite?

Il faut aussi un meilleur accès à la médecine de précision, à des essais cliniques. En France, nous avons mis en place le programme AcSé E-Smart, qui représente en gros 10 essais cliniques en un seul. On donne accès à des traitements innovants à tout type de tumeur, en utilisant plusieurs molécules de laboratoires différents. Tous ces essais permettent de cibler un traitement, mais aussi de récolter des données qu’on pourra utiliser pour comprendre pourquoi un enfant a un cancer. Car, à l’heure actuelle, c’est une question à laquelle on ne peut pas répondre.

Source : Le Figaro

http://sante.lefigaro.fr/article/cancers-pediatriques-il-ne-faut-pas-que-les-enfants-soient-oublies-des-recherches-/