À Lyon, les enfants hospitalisés en chambre stérile peuvent bénéficier de robots pour garder contact avec leur entourage et poursuivre leurs études.
À 12 ans, Camille est passionnée d’équitation. Tous les ans, elle se rend au salon Equita de Lyon avec ses amies. Mais cette année, la jeune fille atteinte d’une leucémie a vécu une expérience unique. Hospitalisée en chambre stérile à l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique* (IHOPE) à Lyon, elle a participé au salon grâce à un robot mobile qu’elle guide de sa chambre.
Grâce au robot, c’est comme si «mes parents m’avaient déposé avec mes copines» explique la jeune fille. «Quand ils ont vu que je me débrouillais bien toute seule avec le robot, ils m’ont laissée avec mes amies. J’ai pu assister au saut d’obstacle et faire les boutiques avec elles, j’avais vraiment l’impression d’y être. C’était trop cool», raconte-t-elle.
L’adolescente a été hospitalisée dans l’unité protégée de l’IHOPE à plusieurs reprises. En raison de sa maladie et des traitements, son système immunitaire est affaibli et ne peut pas la protéger contre les microbes. C’est pour cette raison qu’elle doit rester seule dans une chambre stérile. «Cette période d’isolement d’au moins quatre semaines est difficile pour les enfants car ils sont coupés du lien familial, de leurs copains et de l’école. Ils n’ont le droit qu’à 3 visiteurs», explique Marion Beaufront, coordinatrice des activités de loisirs au sein de l’IHOPE.
Rompre l’isolement
Dans ces services de cancérologie pédiatrique, les parents se relaient au quotidien dans la chambre de leurs enfants. Une présence qui peut briser la solitude mais pas le sentiment d’enfermement. L’IHOPE a alors eu l’idée de lancer le projet Vik-e** pour maintenir le lien social entre les jeunes hospitalisés et leurs proches. Depuis 2016, une vingtaine de familles ont accueilli l’un des 5 robots à leur domicile. Camille a été l’une des premières à en bénéficier. «Avec le robot, je suis autonome. Je peux me promener dans ma cuisine ou le salon tout en restant dans ma chambre d’hôpital», glisse-t-elle.
Pour les parents, avoir le robot à la maison a aussi été un grand soulagement. «Avant j’angoissais à l’idée de la quitter. Maintenant, on s’appelle avec le robot quand j’arrive à la maison, explique la mère de Camille. Elle peut discuter tous les soirs avec son frère et dîner en même temps que nous, ce qui nous donne l’impression de manger tous ensemble.»
«Ce Skype à roulette», comme le décrit Marion Beaufront, permet aussi aux enfants de garder un lien avec le milieu scolaire. Admis dans une école d’ingénieur à Saint-Étienne, Côme, 17 ans, savait qu’il ne pourrait pas être en cours à la rentrée. Mais son école a accepté que son avatar le remplace. «Je l’ai utilisé pendant 6 mois pour suivre les 3 matières principales. Ce n’était pas toujours pratique car parfois je ne voyais pas très bien le tableau mais grâce au robot je n’ai pas pris de retard», explique le jeune homme qui a retrouvé les bancs de l’école la semaine dernière.
Aller au bout du monde
Marion Beaufront utilise également ce dispositif robotisé pour de nombreuses animations. À l’été 2016, plusieurs patients ont pu traverser virtuellement l’océan pour assister aux Jeux Olympiques de Rio et rencontrer des athlètes. Les jeunes malades peuvent aussi assister aux entraînements et aux matchs de l’Olympique lyonnais grâce au robot acheté par le club. Des sorties aux musées sont également au programme.
L’IHOPE espère que ce projet unique en France pourra s’étendre. Une étude d’évaluation est d’ailleurs en cours pour étudier l’impact de ces robots sur les enfants, les familles et les soignants. Les premiers résultats devraient être publiés d’ici septembre prochain.
* Groupement de coopération sanitaire Centre Léon Bérard et Hospices Civils de Lyon
**Le projet Vik-e est soutenu par l’Association Philanthropique de Parents d’enfants Atteints de Leucémie ou autres cancers (APPEL), la société Awabot qui a développé ces robots et le laboratoire Bristol-Myers Squibb.
Source: Le Figaro