Les traitements peuvent affecter le développement de l’enfant à court terme, mais aussi provoquer des séquelles bien des années plus tard.
Les cancers de l’enfant sont rares: moins de 3000 nouveaux cas par an en France. Si leur taux de survie a beaucoup augmenté en quelques décennies - aujourd’hui plus de 80% à 5 ans -, ces «survivants» peuvent être confrontés, adultes, aux séquelles de la maladie et des traitements reçus.
«Il faut donc peser les avantages et les inconvénients des traitements avec le souci du développement futur de l’enfant, d’où l’intérêt des services d’oncopédiatrie», explique le Dr Daniel Orbach, pédiatre oncologue (Institut Curie, Paris). «En chimiothérapie, chaque classe peut potentiellement provoquer des séquelles: auditives avec les sels de platine, cardiaques avec les anthracyclines…, qui dépendent de la dose totale reçue. Les protocoles essaient de rester en deçà des zones de risque. Mais il n’y a pas de risque zéro, et il faut parfois rappeler que nous nous battons d’abord contre le cancer.»
La radiothérapie peut réduire la croissance
Souvent en complément de la chirurgie, la radiothérapie, très efficace, reste indispensable dans certains cancers. «Avec, là aussi, des risques de séquelles, d’autant plus si l’enfant est jeune car l’organe irradié sera moins efficace et sa croissance réduite. C’est pourquoi la radiothérapie est rare avant 5 ans», rappelle le pédiatre.
Florent de Vathaire, épidémiologiste (Inserm U1018-IGR, Villejuif), explore ces conséquences à long terme sur une cohorte de 8000 enfants traités avant 2000. Les plus âgés ont aujourd’hui 50 ans. «Les séquelles les plus graves sont liées aux tumeurs cérébrales, souvent très précoces, traitées par radiothérapie. Par rapport à la population générale, quarante ans après une irradiation cérébrale, le risque d’AVC est accru de 30 %, alors qu’il n’était pas visible vingt ans après». Même si les traitements sont aujourd’hui mieux maîtrisés, l’idée est d’essayer de traiter ces tumeurs par protonthérapie, encore plus précise que la radiothérapie.
Risque de second cancer
Le risque à long terme de second cancer - sein, thyroïde, cerveau, sarcome - est aussi accru. «Les femmes irradiées étant enfants pour un neuroblastome et qui ont aussi reçu des rayons sur le thorax ont un risque supérieur aux femmes porteuses de gènes de prédisposition BRCA1 ou 2.» Et précoce, vers 25-30 ans, comme si les radiations reçues faisaient vieillir plus vite…
Autres séquelles possibles, les troubles neurocognitifs. «L’irradiation du cerveau avant 5 ans, qui parfois ne peut être évitée, aura des séquelles cognitives. Ces enfants sont donc suivis dans des centres spécialisés où on surveille leur développement neurocognitif, scolaire, etc., durant toute leur scolarité, pour pouvoir aussitôt les aider», indique le Pr Orbach.
Compte tenu des risques identifiés, le suivi au long cours des patients traités dans l’enfance paraît indispensable. Mais les consultations de suivi à long terme de ces anciens patients restent rares, malgré les promesses. Et, faute de financements, surtout dépendantes de la volonté de quelques services.
Source : Le Figaro