Cameroun : plus de 600 000 enfants privés d'accès à l'éducation en raison de la crise (UNICEF)

sam, 06/22/2019 - 06:35 -- siteadmin

De nombreux enfants au Cameroun n'ont pas mis les pieds dans une salle de classe depuis trois ans. En raison de l'interdiction de l'éducation par des groupes armés non étatiques et des attaques, plus de 80 % des écoles ont été fermées, touchant plus de 600 000 enfants, indique le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

« Au moins 74 écoles ont été détruites, tandis que les élèves, les enseignants et le personnel scolaire ont été exposés à la violence, aux enlèvements et à l'intimidation », a regretté vendredi le porte-parole du Fonds, Toby Fricker, lors d’un point de presse à Genève.

« Depuis 2018, plus de 300 élèves et enseignants ont été enlevés. Après des expériences traumatisantes, ils ont tous été relâchés par la suite », a-t-il ajouté.

Selon le porte-parole de l’agence onusienne, « le ciblage de l'éducation met en danger l'avenir de toute une génération d'enfants ».

L’UNICEF plaide pour que les écoles et les salles de classe puissent offrir aux enfants des espaces sûrs pour apprendre, pour être avec leurs amis et pour retrouver un sentiment de normalité dans leur vie.

« Lorsque les enfants ne vont pas à l'école, ils courent un plus grand risque d'être recrutés par des groupes armés et sont plus susceptibles d'être exposés au mariage d'enfants, aux grossesses précoces et au traumatisme et à la détresse émotionnelle de longue durée que ces expériences entraînent », a souligné Toby Fricker.

La crise s'est aggravée à la suite des protestations dans la région anglophone qui réclamaient une plus grande autonomie il y a près de trois ans et a également eu un impact dévastateur sur le droit des enfants à l'éducation.

Besoins humanitaires accrus

Les agences et organisation onusiennes évaluent à 1,3 million dont environ 650 000 enfants, le nombre de personnes ayant aujourd'hui besoin d'une certaine forme d'aide humanitaire dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, la situation sécuritaire et les conditions de vie ne cessant de se détériorer. Environ 450 000 de ces personnes, dont la moitié sont des enfants, sont déplacées à l'intérieur du pays.

« Les enfants et leurs familles souffrent au milieu de la violence armée et fuient la violence armée, les attaques contre leurs maisons et leurs écoles, les enlèvements, la violence sexuelle et le recrutement dans les groupes armés », a fait valoir Toby Fricker.

« Les blocages et les opérations ville-morte imposées par des groupes armés non étatiques, affectent la liberté de mouvement des personnes et l'acheminement de l'aide humanitaire », a déploré le porte-parole de l’UNICEF.

Selon lui, des milliers de personnes n'ont pas accès ou ont un accès réduit aux services de base tels que les soins de santé et l'eau potable, et leurs moyens de subsistance ont été détruits. En décembre 2018, on estimait que 40 % des établissements de santé de la région du Sud-Ouest ne fonctionnaient pas.

Alors que l'accès humanitaire continue d'être un défi, l'UNICEF et ses partenaires déploient des efforts pour atteindre et améliorer la vie des enfants et des personnes dans le besoin.

Un soutien continu

« Au cours de l'année écoulée, l'UNICEF a apporté un soutien à près de 140 000 enfants. En collaboration avec ses partenaires, l'UNICEF a distribué des kits d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH) à plus de 78 000 personnes, a fait valoir Toby Fricker.

« Quelque 30 000 enfants ont bénéficié d'un soutien psychosocial par l'intermédiaire de 33 espaces amis des enfants et de clubs de jeunes, et 972 enfants séparés et non accompagnés ont été identifiés et bénéficient d'un soutien, dans le but de les réunir avec leur famille », a précisé le porte-parole de l’UNICEF.

Quelque 15 000 enfants déplacés fréquentent actuellement des écoles formelles dans des communautés d'accueil en dehors de la région et des enseignants ont été formés pour fournir un soutien psychosocial aux enfants qui font face aux effets des conflits et des déplacements.

L'UNICEF travaille également avec les dirigeants religieux et communautaires pour soutenir les efforts de plaidoyer en faveur de la réouverture des écoles et pour élaborer des plans d'atténuation des risques dans les écoles de la zone touchée par le conflit, si des attaques devaient se produire pendant les heures de classe.

L'UNICEF et ses partenaires travaillent à partir des bureaux extérieurs de Buea dans la région du Sud-Ouest et de Bamenda dans le Nord-Ouest, positionnant les experts en protection de l'enfance, éducation, santé et WASH aussi près que possible des populations affectées.

« Face à cette situation de crise, l'UNICEF appelle toutes les parties au conflit à protéger tous les enfants et leur famille et permettre l'accès humanitaire à toutes les personnes dans le besoin, conformément au droit international humanitaire », a déclaré Toby Fricker. « Le Fonds exhorte aussi à protéger et rouvrir les écoles et assurer des espaces d'apprentissage sûrs pour les enfants sans condition », a-t-il ajouté.

L'UNICEF a besoin de 20 millions de dollars pour répondre efficacement à l'urgence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest cette année.

Source : ONU

https://news.un.org/fr/story/2019/06/1046121