Baisse des mutilations sexuelles sur les jeunes filles en Afrique

mar, 11/13/2018 - 17:36 -- siteadmin

Les excisions sont en baisse en Afrique parmi les enfants de 0 à 14 ans, selon une étude publiée dans la revue britannique BMJ Global Health. L'étude des mutilations sexuelles reste toutefois difficile et les données de certains pays sont toujours peu connues.

La pratique des mutilations sexuelles diminue en Afrique, pour les enfants de 0 à 14 ans, selon les conclusions d'une nouvelle étude ont été publiées mercredi dans la revue BMJ Global Health . L'équipe de chercheurs s'est penchée sur plusieurs bases de données pour analyser la fréquence des mutilations génitales féminines dans vingt-neuf pays -27 en Afrique plus le Yemen et l'Irak- entre 1990 et 2017. Leur échantillon est constitué de 200.000 enfants de la naissance à l'âge de 14 ans.

 «Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes génitaux à des fins non thérapeutiques», définit l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'excision, l'ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres avec ou sans excision des grandes lèvres, correspond au type II des mutilations sexuelles, d'après la classification de l'organisation. Elles concernent 200 millions de femmes et d'enfants dans le monde, selon une estimation de l'Unicef en 2016.

Selon l'étude de la revue britannique, c'est en Afrique de l'Est que la baisse de ces pratiques est la plus forte. Elles diminuent de 7,3% entre 1997 et 2014. Leur diminution est bien plus lente en Afrique du nord, -4,4% entre 1990 et 2015, et en Afrique de l'Ouest, - 3% entre 1996 et 2017. Dans certains pays, comme au Mali ou en Gambie, plus de 40% des enfants subissent des mutilations sexuelles chaque année.

«On parle beaucoup de l'Afrique car on a des données fiables»

L'Afrique n'est cependant pas le seul continent concerné, des foyers existent en Asie comme en Malaisie, mais aussi en Europe ou aux États-Unis. La moitié des femmes mutilées dans le monde résident en Egypte, en Ethiopie et en Indonésie, grande absente de cette étude. «Les données sur les mutilations sexuelles sont la plupart du temps collectées à partir d'enquêtes démographiques», explique Isabelle Gillette-Faye, sociologue et directrice générale de la fédération Groupe pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés (GAMS) engagée contre les mutilations sexuelles. «Les agents qui font ces études se rendent dans les foyers et demandent aux femmes si elles sont excisées, si elles ont subi des violences... Certains gouvernements africains autorisent ces études mais l'Asie refuse catégoriquement».

En 2013, le ministère indonésien de la Santé révèle que plus de la moitié des filles de moins de 11 ans en sont victimes, mais sans donner de chiffres pour les filles et femmes de plus de 11 ans. «Ce ne sont pas des données scientifiques, avance Isabelle Gillette-Faye. Ce n'est pas contre l'Asie, nous avons les mêmes problèmes avec d'autres pays du Moyen-Orient, d'Amérique Latine et même en France! Les gouvernements ne veulent pas sortir de chiffres sur cette pratique qui est considérée comme barbare. Finalement, on parle beaucoup des pays africains parce qu'on a des données relativement fiables pour le continent».

Une baisse encourageante

Les auteurs de l'étude publiée dans la revue BMJ Global Health restent d'ailleurs eux-mêmes prudents. Il existe notamment un risque de sous-déclarations de la part des populations dans des pays où les mutilations sont interdites. Leur analyse se concentre également seulement sur les enfants. Or, dans certains pays il semble qu'il y ait une résurgence de ces pratiques juste avant le mariage. «Des chercheurs britanniques s'intéressent à l'Ouganda et au Kenya, confirme la sociologue. D'après les chiffres concernant les 0-15 ans, on constate une baisse significative. Mais quand on regarde les chiffres des 15-49 ans, cinq ans plus tard, on ne constate pas la même baisse alors qu'on devrait. L'une des hypothèses de travail est que l'excision est pratiquée comme un rite de passage avant le mariage».

La directrice de la fédération du GAMS trouve toutefois ces résultats très encourageants. Elle met cette baisse sur le compte de l'éducation, des campagnes de prévention mais aussi de la volonté politique des gouvernements. «Le Burkina Faso, par exemple, c'est le bon élève. Les excisions ont réellement diminué grâce à la politique gouvernementale, qui a commencé très tôt la prévention avec des messages radiophoniques diffusés à la radio, dans les années 70. La pratique est interdite et le chef spirituel de la plus grande communauté du Burkina, les Mossis, s'est déclaré contre l'excision. Ce serait impensable dans certains pays!». Et d'ajouter: «Les excisions ce sont les seules violences sexuelles pour lesquelles il y a une baisse significative».

Source : Le Figaro

http://www.lefigaro.fr/international/2018/11/08/01003-20181108ARTFIG00035-baisse-des-mutilations-sexuelles-sur-les-jeunes-filles-en-afrique.php