Au Soudan du Sud, les enfants recommencent à passer des examens scolaires

lun, 04/18/2016 - 11:27 -- siteadmin

Deux longues années se sont écoulées depuis que ces enfants ont pu passer un diplôme de fin d’études primaires. Maintenant que le passage de l’examen a été rétabli, des élèves comme Nyaruon peuvent davantage miser sur leurs études afin d’être préparés pour l’avenir.

 Pour les enfants du monde entier, les examens peuvent susciter de l’appréhension. Mais pour un petit groupe d’élèves venus chercher refuge dans le plus grand camp pour déplacés du Soudan du Sud, c’est un moment de grande excitation.  

Pour la première fois depuis que le pays a sombré dans un conflit, il y a plus de deux ans, ces élèves sont en train de passer un examen de fin d’études primaires, le « Primary 8 ». 

Les élèves de plusieurs comtés de l’État Unité, déchiré par le conflit, sont en train de passer cet examen mais la majorité d’entre eux – 189 dont 71 filles – vivent sur le site de protection de la population civile de Bientu.  Cette vaste cité de tentes et de toits de tôle ondulée est le plus grand camp du pays pour déplacés se trouvant sous la protection des Nations Unies : il abrite quelque 120 000 personnes ayant fui leurs foyers au fil des combats.

Nyaruon passe l’examen

Nyaruon Peter, 16 ans, vit sur le site. Les membres de sa famille se sont enfuis de leur village de l’est d’Unité lorsqu’il a été attaqué en avril 2014. Ils se sont réfugiés à Bentiu aux côtés de milliers d’autres personnes.

« Avant la crise, j’allais à l’école », dit-elle. « Mais quand nous sommes arrivés [sur le site de protection de la population civile], c’était plein de monde, il y avait trop d’insécurité à l’intérieur comme à l’extérieur, la région était inondée et nous nous abritions sous des tentes. Il était impossible de trouver une école. »

C’est par les chefs des communautés locales que Nyaruon a d’abord entendu parler des services d’éducation scolaire d’urgence. Elle a parcouru tout le site pour trouver l’école la plus proche.

À présent, elle essaie d’aller en classe cinq fois par semaine et étudie pendant les week-ends. En plus de son travail scolaire, Nyaruon aide sa mère et son père à s’occuper de ses huit frères et sœurs. Aller chercher de l’eau et faire la lessive font partie de ses tâches quotidiennes.

Aujourd’hui, elle est en train de passer le Primary 8. « J’ai étudié jusqu’à très tôt ce matin pour me préparer. Le sujet sur les mathématiques était très difficile pour moi mais j’ai essayé de faire de mon mieux. » 

Rétablissement du « Primary 8 »

Le Soudan du Sud - le pays le plus jeune du monde -  se débat face à des indicateurs sur l’éducation dont certains font partie des plus faibles de la planète. Plus de la moitié des enfants en âge d’être scolarisés dans le primaire et le premier cycle du secondaire n’ont pas accès à l’éducation. Le taux d’alphabétisme chez les adultes est d’environ 32 % ; chez les femmes, il est de 25 %.

Le père de Nyaruon, Peter Biel, n’est jamais allé à l’école. Pour lui, il est essentiel que Nyaruon finisse ses études.  « Il faut que Nyaruon aille à l’école ; cela lui permettra d’être une personne responsable qui aura accès à une vie meilleure et pourra transmettre ses connaissances quand elle aura sa propre famille. Elle sera un exemple », dit-il.

Le Primary 8 est une étape importante tout au long de ce parcours. Il marque la fin des études primaires et le début de celles du secondaire. 

L’UNICEF travaille depuis la mi-2015 avec les représentants des deux parties impliquées le conflit pour que l’examen soit rétabli. Nyaruon fait partie des 3700 enfants se présentant à l’examen dans les régions dans lesquelles le conflit avait rendu impossible le passage de cette étape scolaire importante.

« Après deux années de déceptions et d’obstacles à cause de la crise, nous avons finalement réussi à faire passer l’examen à cette première vague d’enfants », dit Luel Deng Ding, chargé de l’éducation pour l’UNICEF à Bentiu. « J’en suis très heureux et  très fier. »

L’éducation sur le site

Selon Luel Deng Ding, les enfants âgés de moins de dix-huit ans représentent plus de la moitié des personnes vivant sur le site de Bentiu.

Dans tout le camp, il y a sept écoles primaires. L’UNICEF a procédé à leur mise en place et leur assure son soutien depuis 2013. Leur personnel est composé d’enseignants et d’assistants recrutés au sein de la communauté.

Mais l’espace sur le site surpeuplé est limité, un obstacle à l’ajout de davantage d’écoles. Il n’y a pas d’établissement pour l’enseignement secondaire, ce qui limite sérieusement les chances pour les élèves qui achèvent l’enseignement primaire et réussissent au Primary 8.

Image de l'UNICEF: Deux enfants sur le site de protection de la population civile. Quelque 120 000 personnes se sont enfuies de leurs foyers au cours de plus de deux années de conflit pour trouver refuge ici.

L’éducation en dehors du site

Au bout d’une route cahoteuse, à seulement dix kilomètres du site de protection de la population civile, se trouve Bentiu, la capitale de l’État.

Inapprochable la plus grande partie de l’année précédente par le personnel humanitaire, la ville est de nouveau accessible. L’UNICEF a pris des mesures pour remettre en état et rouvrir sept autres écoles. 

En fait, onze jeunes gens sont en train de passer à Bentiu le Primary 8 au même moment que les élèves qui se trouvent dans le camp, un indice de réussite dans la récupération d’espace pour les enfants se trouvant à l’extérieur. 

L’examen a aussi une signification pour la communauté elle-même. « Le fait de passer cet examen remonte le moral des enfants et de leurs familles et encourage les autres enfants à s’inscrire à l’école quand ils voient leurs camarades réussir », dit Luel Deng Ding.

Pour sa part, Nyaruon a déjà des idées sur ce qu’elle fera après le Primary 8. Pendant qu’elle et sa famille sont réfugiées ici, elle espère voir bientôt se profiler l’ouverture d’une école secondaire sur le site de protection de la population civile de  Bentiu.

L’objectif de l’UNICEF est de permettre à 30 000 enfants et jeunes vivant sur le site de retourner à l’école d’ici la fin 2016.

Source: UNICEF