L’excès de poids exacerbe les symptômes de cette maladie respiratoire chez les enfants non traités.
Avant l’âge de 5 ans, un enfant sur dix a déjà souffert d’une crise d’asthme. Une maladie respiratoire qui serait beaucoup plus sévère si les tout-petits sont en surpoids, prévient une étude américaine publiée cette semaine dans Journal of Allergy and Clinical Immunology.
Ce qui relie ces deux pathologies en forte augmentation est encore mal connu. Plusieurs études montrent que l’excès de poids favorise l’apparition de cette maladie respiratoire. À l’inverse, d’autres suggèrent que les enfants asthmatiques ont plus de risque de devenir obèses. «L’une des hypothèses est que l’asthme et l’obésité, qui sont deux processus inflammatoires, s’autoentretiennent», indique au Figaro le Dr Madiha Ellaffi, pneumo-allergologue à Albi. Et d’ajouter: «Mais je ne crois pas que l’asthme fasse prendre du poids. Je pense que ce sont plutôt les répercussions de la maladie. En effet, les difficultés à respirer entraînent des troubles du sommeil, et la fatigue favorise la sédentarité et l’appétence pour les produits sucrés et gras. À cela s’ajoutent les traitements corticostéroïdes. C’est un cercle vicieux.»
Ces traitements utilisés pour réduire l’inflammation des bronches seraient, par ailleurs, moins efficaces chez les adultes et les adolescents obèses. Mais qu’en est-il chez les enfants? À cette question, peu de réponses. C’est pourquoi les chercheurs de l’université de médecine de Duke (États-Unis) ont voulu étudier cette relation, ainsi que la réponse aux corticoïdes.
Pour cela, ils ont repris les données de 3 études réalisées auprès de 736 enfants âgés de 2 à 5 ans atteints d’asthme léger à modéré. Ces derniers avaient une à deux crises d’asthme par semaine. En outre, un tiers était en surpoids. Afin de comparer les enfants, les chercheurs ont constitué 3 groupes: ceux qui avaient reçu un traitement quotidien, un second groupe de ceux qui utilisaient l’inhalateur par intermittence et enfin, un troisième groupe d’enfants qui n’avaient suivi aucun traitement ou avaient pris un placebo.
Des enfants plus mal en point
Les résultats indiquent que les enfants obèses non traités souffrent d’un asthme plus sévère et sont plus souvent malades (90 jours) que les enfants de poids normal (53 jours). Les chercheurs ajoutent que ces petits patients ont davantage été admis à l’hôpital que les enfants de corpulence normale, et ce même en prenant en compte l’exposition au tabac et aux animaux.
En revanche, dans les groupes de patients traités par des aérosols, l’effet délétère de l’obésité s’estompe. La sévérité de la maladie et le nombre de symptômes (respiration sifflante, toux) étaient similaires. «Ce résultat est une bonne nouvelle car il montre que prescrire des corticoïdes inhalés aux enfants en surpoids est efficace. Il n’y a pas de résistance aux bronchodilatateurs», commente la pneumologue.
«Si le surpoids précoce aggrave les symptômes de l’asthme, la mise en place de règles hygiéno-diététiques pour contrôler la prise de poids est indispensable», écrivent les auteurs. Cela passe, notamment, par un rééquilibrage alimentaire et la pratique d’une activité physique. Le Dr Ellaffi insiste également sur l’importance de rechercher les troubles respiratoires nocturnes chez les enfants asthmatiques ou allergiques car ces troubles qui nuisent au sommeil des petits exacerbent l’asthme et favoriseraient la prise de poids.
Source : Le Figaro
http://sante.lefigaro.fr/article/asthme-les-enfants-en-surpoids-sont-plus-vulnerables/