« Si vous essayez de vous enfuir, ils vous tirent dessus. Si vous arrêtez de travailler, ils vous battent. C’était exactement comme l’esclavage. »

jeu, 06/16/2016 - 10:34 -- siteadmin

 Plus de neuf sur dix des enfants réfugiés et migrants qui arrivent en Europe cette année par l’Italie ne sont pas accompagnés. L’UNICEF avertit qu’ils sont en conséquence confrontés à des menaces croissantes de mauvais traitements, d’exploitation et à des dangers de mort.

Dans un rapport intitulé Des dangers à chaque pas qui est publié aujourd’hui, l’UNICEF relève que 7009 enfants non accompagnés ont effectué la traversée d’Afrique du Nord vers l’Italie au cours des cinq premiers mois de cette année, le double de l’année dernière.

Le rapport documente les terribles risques que prennent ces adolescents dans leur fuite pour échapper aux conflits, au désespoir et à la pauvreté.

Du 1er janvier au 5 juin 2016, on a enregistré au total 2809 décès en Méditerranée, par comparaison avec un chiffre de 3770 pour l’ensemble de l’année dernière. La grande majorité de ces décès s’est produite sur la route de migration de Méditerranée centrale – et un grand nombre de ces victimes étaient des enfants.

Les enfants non accompagnés font en général appel à des passeurs et ils les payent souvent en travaillant et en gagnant de l’argent au fur et à mesure de leur déplacement, ce qui les expose à des risques d’exploitation.

« Si vous essayez de vous enfuir, ils vous tirent dessus et vous êtes mort. Si vous arrêtez de travailler, ils vous battent. C’était exactement comme l’esclavage, » raconte Aimamo, 16 ans, au sujet de la ferme en Libye où lui et son frère jumeau ont travaillé deux mois pour payer les passeurs. « Une fois, je me reposais simplement cinq minutes et un homme m’a battu à coups de canne. Après le travail, ils vous enferment. »

Certains sont victimes de violences et d’exploitation sexuelles. Des travailleurs sociaux italiens ont rapporté à l’UNICEF qu’aussi bien des filles que des garçons ont été victimes de violences sexuelles et ont été forcés de se prostituer en Libye, et que certaines des filles étaient enceintes quand elles sont arrivées en Italie, ayant été victimes de viol.

Cependant, étant donné le caractère illicite des opérations de traite des êtres humains, il n’existe pas de chiffres fiables sur le nombre de réfugiés et de migrants qui meurent, qui disparaissent contraints au travail forcé ou à la prostitution, ou qui dépérissent en détention.

« C’est une situation désespérée couverte par le silence – loin de nos yeux, donc ignorée. Mais ce sont des dizaines de milliers d’enfants qui sont en danger chaque jour et des centaines de milliers d’autres qui sont prêts à tout risquer, » explique Marie Pierre Poirier, Coordinatrice spéciale de l’UNICEF pour la crise des réfugiés et des migrants en Europe. « Nous devons d’urgence protéger ces enfants contre toutes sortes de mauvais traitement et d’exploitation par ceux qui profitent de la situation pour exploiter leurs rêves. »

Avec l’arrivée de l’été, les derniers chiffres concernant les enfants qui empruntent l’itinéraire de la Méditerranée centrale risquent de ne représenter que la partie émergée de l’iceberg, avance l’UNICEF. Il y actuellement 235 000 autres migrants présents en Lybie, et des dizaines de milliers d’entre eux sont des enfants non accompagnés.

« Tous les pays – ceux que ces enfants quittent, ceux qu’ils traversent et ceux où ils cherchent asile – ont l’obligation de mettre en place des dispositifs de protection centrés sur les risques qu’encourent les enfants non accompagnés. Dans l’Union européenne et les autres pays de destination, c’est une occasion de procéder à des réformes des politiques et des législations en vigueur afin d’offrir à ces enfants plus de possibilités d’utiliser des voies d’accès sûres, légales et régulières, » déclare Madame Poirier. 

Source: UNICEF