Depuis les années 1970, une attention croissante a été portée à la souffrance liée à la persécution. Une étude de l’ONU sur la violence contre les enfants spécifie que l’on « distingue [la persécution] des autres formes de violence car il s’agit d’un schéma comportemental plutôt qu’un événement isolé ». Selon l’enquête intitulée Comportement sanitaire chez les enfants en âge d’aller à l’école (HSBC) dans les pays développés et transitoires/transitionnels de l’Europe centrale et de l’Est, datant de 2001/02, 35 % des écoliers attestent avoir été persécutés au cours des deux derniers mois en amont de l’étude. L’académie américaine de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescence indique que près de la moitié de tous les enfants sont victimes de persécutions à un moment donné au cours de leur scolarité primaire ou secondaire. Dis pour cent au moins des enfants sont régulièrement persécutés. Internet et les téléphones portables ouvrent de nouvelles voies à la persécution. L’ONG internationale ECPAT a publié un rapport sur la violence contre les enfants en cyberspace.
Une grande proportion de la persécution est d’ordre sexuel ou lié au sexe. Les enfants sont exposés à la pression de se conformer aux valeurs culturelles et aux stéréotypes de ce qu’est le comportement «approprié» et qui dictent des règles claires sur ce que c’est que la «masculinité» ou la «féminité». Il arrive que les enfants plaisantent lorsqu’ils disent qu’un enfant se comporte de façon « gay » mais cela signifie implicitement que ce ne serait pas bien s’il l’était. «Lorsque les garçons traitent les filles de «salopes», de «lesbiennes» ou de termes similaires qui remettent en question les morales sexuelles ou la sexualité des filles. C’est en général un indice de l’expression de ressentiment envers les filles ou de la colère, de la frustration ou de la jalousie », ajoute l’étude des NU sur la violence. Une étude récente, portant sur 37 pays européens et réalisée par l’Organisation internationale des jeunes et étudiants gays, lesbiennes, bisexuels, transsexuels et allosexuels a révélé que plus de la moitié des jeunes gays, lesbiennes, bisexuels, et transsexuels avaient été victimes de persécution à l’école. Toutefois, la persécution n’est pas uniquement une question de genre ou d’orientation sexuelle. Par exemple, au Royaume-Uni, une étude portant sur 500 enfants, âgés de huit à 19 ans, possédant des troubles de l’apprentissage, a montré que sur 10 enfants, 8 ont été victimes de persécution à l’école.
Bien que certains, presque toujours des adultes, suggèrent que la persécution « est tout simplement une étape du processus de croissance », des recherches ont montré que les effets peuvent perdurer bien loin dans l’âge adulte sans compter les dégâts immédiats sur la santé physique et morale des enfants. La persécution est souvent citée comme étant l’une des principales causes de suicide chez les adolescents, comme en témoigne ce rapport sur la mort d’une jeune fille de 15 ans au Massachusetts, Etats-Unis, qui se suicida après des semaines de persécution sur Facebook et à son lycée.
Comment lutter contre ?
Selon une étude de l’ONU, une gestion soutenue et des programmes clairs contre la persécution peuvent aider à contenir la souffrance engendrée. Le rapport met en garde contre les interventions « de réparation rapide ». Par exemple, plutôt que d’aider l’auteur du crime à comprendre les implications de son comportement et de communiquer cet apprentissage à l’école, il est exclu temporairement, ou renvoyé ou puni d’une quelconque façon.
Le Conseil de l’Europe a publié un manuel intitulé Réduction de la violence à l’école – Un guide pour le changement, écrit pour l’éducation professionnelle dans le but de leur donner les moyens nécessaires à contrer la violence dans tous les niveaux scolaires. L’adoption de politiques d’école entière, le développement de stratégies menées par les écoliers et la réalisation d’audits scolaires figurent parmi les recommandations émises dans le manuel.
Le Comité sur le droits de l’enfant a, de façon récurrente, attiré l’attention aux obligations des états en ce qui concerne la question de la persécution. Dans ses Observations concluantes, le comité a récemment demandé au Royaume-Uni, au Danemark, au Bengladesh et à d’autres pays d’observer avec plus d’attention la question de persécution à l’école.
Source : CRIN