Le parrainage individuel présente de nombreux inconvénients pour l’enfant parrainé, mais aussi pour le donateur et l’organisation.
> Les inconvénients d’une relation privilégiée parrain/enfant parrainé
Des attentes non satisfaites
La particularité du parrainage individuel est qu’il génère une relation personnelle entre le donateur et l’enfant parrainé. Cette relation, souvent perçue comme bénéfique pour l’enfant, peut entraîner des attentes de la part de l’enfant et du parrain qui ne pourront pas être satisfaites. Les deux parties peuvent se créer de faux espoirs, et l’enfant court également le risque de voir ses frustrations augmenter de plus en plus.
Une aide fragile
Le parrainage individuel peut également entraîner d’importants problèmes pour l’enfant en cas du désengagement du parrain. En effet, si le donateur décide d’arrêter son parrainage et que l’organisation ne trouve pas de parrain de remplacement, l’enfant peut se retrouver, du jour au lendemain, sans aucune aide extérieure, et tous ses efforts seront alors restés vains.
L’influence des parrains
Par ailleurs, les parrains peuvent penser qu’ils disposent d’un droit légal sur l’enfant, ou du moins le droit d’influencer sur son développement personnel et spirituel. Par ailleurs, de nombreuses organisations exigent des enfants parrainés qu’il suivent un enseignement religieux afin de suivre la même orientation religieuse que leurs parrains.
Un échange de lettres inadaptées
Malgré la relecture par les membres de l’ONG, les lettres échangées entre le parrain et l’enfant peuvent être culturellement inappropriées. En effet, dans de nombreux cas, l’échange de lettres ne prend pas en compte le milieu culturel dans lequel l’enfant vit, et génère ainsi des confusions culturelles pour l’enfant parrainé.
> Seul l’enfant parrainé reçoit de l’aide… ce qui a des conséquences…
Envies et jalousies
Un autre inconvénient du parrainage individuel nominatif est qu’il n’est dirigé que vers un seul enfant. Ce type de parrainage peut donc entraîner de la jalousie de la part des autres enfants, qui eux, ne reçoivent aucune aide. Ces enfants non parrainés peuvent alors de sentir « indignes » de recevoir de l’aide, et leur confiance en eux peut alors diminuer. Par ailleurs, dans une même classe, un professeur aura tendance à porter son attention vers les enfants parrainés, laissant ainsi les autres de côté.
L’enfant parrainé peut, quant à lui, développer un sentiment de culpabilité vis à vis de ses camarades. Cette approche entraîne donc la persistance des inégalités, et la communauté n’est pas aidée à se développer.
Tensions familiales
Avec le parrainage individuel, les parents de l’enfant parrainé peuvent se sentir humiliés de ne pas pouvoir répondre aux besoins de leur enfant, et qu’un étranger s’en charge à leur place. Ils peuvent aussi se sentir frustrés que seul un de leurs enfants reçoive de l’aide. Les frères et sœurs de l’enfant parrainé peuvent également développer un sentiment de jalousie. En conséquence, l’enfant parrainé peut se retrouver isolé vis à vis de sa famille, et de ses amis.
Inefficacité de l’aide
Dans la plupart des cas, l’enfant parrainé, après ses études, ne peut trouver un emploi correspondant à sa formation dans son propre village. Il est donc souvent obligé de quitter son village pour aller travailler en ville, n’étant ainsi d’aucune aide pour sa communauté. Cependant, il peut aussi préférer rester dans son village, et il se retrouve alors frustré de ne pouvoir trouver un emploi digne de ses efforts. Les autres enfants du village peuvent donc être découragés de continuer leur scolarité. Par ailleurs, les enfants parrainés peuvent se sentir obligés de poursuivre leurs études afin de continuer à toucher l’aide, alors qu’il serait préférable pour eux et leurs familles qu’ils apprennent un métier utile dans leur village et commencent à travailler dès l’adolescence.
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Relation paternaliste
La relation entre le parrain et l’enfant parrainé est souvent une relation basée sur le paternalisme. En effet, le parrain peut chercher à exercer une certaine influence, voire autorité, sur l’enfant. Les initiatives personnelles de la part de l’enfant ne sont pas encouragées, on reste dans une relation où le « riche » aide le « pauvre ». Par ailleurs, l’ONG exige dans la plupart des cas que l’enfant envoie régulièrement des lettres à son parrain, dans lesquelles l’enfant doit constamment montrer une certaine gratitude. Cette relation perpétue donc les stéréotypes négatifs sur les habitants du Tiers Monde présentés comme des gens « passifs » et « assistés ».
Un frein aux initiatives locales
Avec le parrainage individuel, les familles ne sont pas encouragées à développer des initiatives durables pour sortir de la pauvreté. En effet, cet « argent tombé du ciel » aurait plutôt tendance à décourager les familles à travailler. Le parrainage individuel est en effet une forme d’assistanat qui n’entraîne pas le développement durable des villages.
Le parrainage individuel peut donc engendrer de l’envie et de la jalousie dans l’entourage de l’enfant, il est souvent mal intégré au niveau social et pose problème du point de vue de la durabilité.
Source : Humanium